Née en 1878 à Laon, Suzanne Noël est issue de la petite bourgeoisie du Nord. Elle se marie à 19 ans et s’installe à Paris mais très vite, elle s’ennuie dans son existence de femme au foyer. Elle veut passer son bac, et devenir médecin, comme son mari.
Étudiante acharnée et brillante au milieu des hommes, Suzanne, enceinte de son premier enfant, se découvre une passion pour la dermatologie puis la chirurgie.
Lorsque la Première Guerre Mondiale éclate, elle n’est encore qu’interne mais elle obtient l’autorisation d’exercer pour faire face à l’urgence. Face au traumatisme qui frappe ceux qu’on va appeler à l’époque « les gueules cassées », la jeune femme va se spécialiser dans la chirurgie esthétique et devenir la première femme au monde à pratiquer cette discipline. Dès 1916, elle va s’appliquer à rendre une vie à tous ses soldats revenus du front mutilés, et incapables de réintégrer la société.
Chirurgienne et féministe
Au-delà de la primauté de cet aspect réparateur de la chirurgie, Suzanne prône aussi la chirurgie esthétique faite pour soi, pour se sentir mieux dans sa peau. Elle est prête à aider les femmes à obtenir l’aisance qu’apporte un physique plus avantageux. A les aider à prendre le contrôle sur leur corps. Elle développe aussi la chirurgie esthétique dans ce sens et fera notamment le lifting de l’actrice Sarah Bernhardt.
Convaincue du rôle social de la chirurgie esthétique pour prévenir le harcèlement scolaire, le chômage, la dépression, la solitude, elle fait payer ses patients selon leurs moyens, opère souvent gratuitement.
Pendant l’entre deux-guerres, elle va se lancer dans l’aventure féministe des Soroptimist : une union de femmes qui défend les droits des femmes à une époque où elles n’ont pas encore acquis tous les droits qui permettent d’accéder à l’indépendance et de s’affranchir du mariage. Avec ce club, elle parcourt le monde pour défendre cette cause.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, son patriostisme et son coté aventureux reprennent le dessus. Elle s’engage dans la résistance et s’emploie à modifier le visage des personnes recherchées par la Gestapo et les Allemands, en particulier des juifs et des résistants. Elle sauve ainsi de nombreuses vies.
Elle meurt à 76 ans en 1954, en ayant formé une génération de femmes prêtes à se montrer plus combatives et solidaires.