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Steve Stievenart, à jamais le premier sur la double Triple couronne

Après son aller-retour Los Angeles-Santa Catalina, le Wimereusien est le premier au monde à avoir réalisé les trois épreuves mythiques pour tout nageur de l’extrême.

Journaliste
Temps de lecture: 4 min

Vincent Pihen

Les non-initiés ne comprendront peut-être pas la portée historique de l’exploit réalisé par Steve Stievenart la semaine dernière. Ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la nage extrême ne pourront être, une fois de plus, qu’être admiratifs de l’énorme performance du Wimereusien, premier nageur au monde à avoir réalisé la double Triple couronne.

À savoir, avoir réussi trois traversées mythiques, en aller-retour. Il y eut d’abord la traversée de la Manche que Steve avait réalisé en août 2020 ; le tour de Manhattan (deux fois en août 2021) et enfin, le 16 juin dernier, Los Angeles – Santa Catalina (70km environ), le troisième et dernier défi qui lui manquait pour devenir à jamais le premier à avoir réalisé cet exploit.

Un défi que « Steve le Phoque », comme le surnomment affectueusement les Anglais, a accompli en 28 heures, 45 minutes et 48 secondes. Un record du monde qui n’a pas été facile à chercher.

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Car pour être sûr d’être le premier à réaliser la double Triple couronne, le Wimereusien n’avait pas beaucoup de temps devant lui car deux autres nageurs de l’extrême, un Mexicain et un Américain, étaient aussi en lice pour lui chiper la primeur de l’exploit : « Je n’étais pas très bien au moment de prendre le départ de Long Beach (le mercredi 15 juin à 7 heures), confie Steve. J’étais malade et je souffrais du poignet et surtout de l’épaule car j’ai changé de technique de nage mais mon corps ne s’y est pas encore totalement adapté. Je forçais pour nager et j’en pleurais de douleur dans mes lunettes tellement j’avais mal, c’était terrible. Et la météo n’était pas franchement au rendez-vous, ce fut, sur ce point, encore plus dur que ma traversée de la Manche. »

Mais une fois de plus, c’est le mental qui fait la différence : « C’est 90 % du boulot. Une fois que la tête est bien, le corps suit. J’ai beaucoup travaillé la méditation avant le départ Ça m’a beaucoup aidé. » À l’aller, Steve Stievenart a eu à faire face à un fort courant et au vent : « J’avoue que j’ai pensé à abandonner à deux reprises. »

Les dauphins à la rescousse

Et quand le mental flanche, le Wimereusien peut compter sur le soutien de Dame nature  : « J’en étais à un point où j’ai invoqué tous les éléments de la mer pour venir à mon aide. Et peut-être quelques dizaines de minutes plus tard, des dauphins sont arrivés et m’ont accompagné sur quelques kilomètres. Il y avait une maman avec son petit, je me rappellerais toujours du moment où nos regards se sont croisés. C’était très fort. Exceptionnel. Cela restera gravé dans ma mémoire. »

Steve Stievenart n’aura pas eu l’occasion de croiser d’autres occupants des eaux californiennes et qui ont, bien malgré eux, mauvaise réputation : les requins  : « Il y en a beaucoup dans ces eaux. C’est hyper stressant car on ne sait pas, quand on nage, sur quoi on tombe quand on touche quelque chose. J’avais la même sensation lorsque je nageais au milieu des nombreuses algues larges. Mais je n’ai pas été embêté ni par eux, ni par les méduses. »

Après une traversée aller compliquée et une pause autorisée de six minutes (sans toucher le bateau) pour se ravitailler et reprendre de l’énergie, le nageur wimereusien a eu la surprise de connaître un retour plus simple : « C’était en pleine nuit, il y avait moins de vent. J’ai mis trois heures de moins qu’à l’aller, ce qui est aussi un petit exploit. »

De retour à Los Angeles à 12 heures, le jeudi 16 juin, c’est avec le sourire, et aussi un grand soulagement, que Steve le Phoque termine la dernière des trois traversées qui lui permet de rentrer dans l’histoire de la nage extrême  : « Je dois remercier mon équipe de 15 personnes, si j’ai tenu bon, c’est aussi grâce à eux  .» Les félicitations venues du monde entier lui ont vite été remontées : « J’ai reçu des messages de partout, même du Kazakhstan », s’étonne-t-il.

Et dire qu’il ne savait à peine nager en 2018, lorsqu’il s’était fixé pour objectif, après des difficultés familiales et professionnelles, de traverser la Manche à la nage. Depuis, le Wimereusien a été le premier Français à réaliser la traversée de la Manche, aller-retour (août 2020), a traversé le Lac Baïkal, le Loch Ness, le North Channel (entre l’Ecosse et l’Irlande)...

Que lui reste-t-il comme défis à réaliser après avoir obtenu « le Graâl » jeudi dernier à Los Angeles ? « On verra bien, il y a encore tellement à faire mais d’abord, je vais prendre quelques semaines de repos », sourit Steve le Phoque.

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