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Coup d’arrêt pour l’hydroxychloroquine en France

L’hydroxychloroquine, médicament promu par le controversé Pr Raoult, ne pourra bientôt plus être administrée en France contre le Covid-19, ni à des patients gravement atteints ni lors d’essais cliniques, après deux avis publiés mardi.

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Dans le premier, le Haut conseil de la santé publique (HCSP), saisi par le ministère de la Santé, recommande de «  ne pas utiliser l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 » hors essais cliniques, que ce soit seule ou associée à un antibiotique. De son côté, l’Agence du médicament (ANSM) a «  lancé » la procédure de suspension «  par précaution » des essais cliniques évaluant l’hydroxychloroquine chez les patients atteints de Covid-19.

Ces avis suivent la parution dans la prestigieuse revue médicale The Lancet d’une étude pointant l’inefficacité et les risques de ce médicament pour les malades du Covid-19. Cela a déjà incité l’OMS (Organisation mondiale de la santé) à suspendre lundi les essais cliniques qu’elle mène avec l’hydroxychloroquine dans plusieurs pays, par précaution.

En France, en dehors des essais cliniques, l’usage de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19 est autorisé à l’hôpital uniquement et seulement pour les cas graves sur décision collégiale des médecins. Samedi, à la lumière de l’étude du Lancet, le ministre de la Santé Olivier Véran avait saisi le HCSP pour qu’il lui propose «  une révision des règles dérogatoires de prescription », fixées par décret.

Dans sa réponse, le HCSP recommande «  de ne pas utiliser l’hydroxychloroquine seule ou associée à un macrolide (une famille d’antibiotiques, ndlr) dans le traitement du Covid-19 ». Il préconise également «  d’évaluer le bénéfice/risque de l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans les essais thérapeutiques » et «  de renforcer la régulation nationale et internationale » de ces essais.

Pour parvenir à ces conclusions, le HCSP a analysé «  les publications sur le sujet, dont l’article du Lancet », ainsi que «  les rapports des centres régionaux de pharmacovigilance rapportant des effets secondaires potentiellement graves, en particulier cardiovasculaires, en lien avec l’utilisation de ce médicament ». Il a conclu «  à l’absence d’étude clinique suffisamment robuste démontrant l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le Covid-19 quelle que soit la gravité de l’infection ».

De son côté, l’ANSM a annoncé avoir «  lancé (…) une procédure de suspension des inclusions de patients dans les essais cliniques menés en France » sur l’hydroxychloroquine, ce qui veut dire qu’il ne sera pas possible d’ajouter de nouveaux malades dans les essais déjà en cours. Cette suspension prendra effet après un délai de 24 heures de procédure contradictoire auprès des organisateurs de ces essais. Seize ont été autorisés en France pour évaluer l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid.

«  Les patients en cours de traitement avec de l’hydroxychloroquine dans le cadre de ces essais cliniques pourront le poursuivre jusqu’à la fin du protocole », précise néanmoins l’ANSM.