Tour du Renard : une nouvelle vie pour ses ex-résidents
La démolition de la Tour du Renard est toujours d’actualité. Le chantier avance sous le regard de ses anciens habitants, relogés et prêts à tourner la page. Témoignage

Un ciel gris est de la partie quand Élodie*, dos à sa voiture et seule sur le parking de l’immeuble des Alouettes, balaye du regard la bâtisse dépourvue de fenêtres et accueillant l’humidité à bras ouverts. Les murs décharnés apparents ne laissent plus place aux doutes, la destruction de cet immeuble appartenant au quartier de la Tour du Renard (composé de 7 «tours») doit disparaître, pour enfin faire table rase du passé.
Un passé lourd qui n’est pas sans rappeler la fameuse histoire d’Outreau qui a fait couler encre et larmes. « Je passe tout le temps ici, parce que j’ai des proches encore dans le secteur. Ça fait drôle », commente Élodie qui n’a pourtant pas de pincement au cœur, elle qui a fait partie des dernières à habiter le quartier (aux Merles, là où d’ailleurs Myriam Badaoui a habité, au 5e étage, ndlr). Loin de là. Surtout dans les dernières heures de cette « cité fantôme » parfois squattée. « On avait du mal à dormir la nuit de toute façon. Quand on rentrait chez soi, il fallait tout le temps s’enfermer à clé parce qu’il y avait du monde dans les escaliers. » Un climat peu sécure auquel il fallait mettre fin.
La perspective enfin concrète de la démolition du quartier est un peu comme une page qui se tourne. Et ça fait du bien. « Pas que pour moi… Je pense que c’est le cas pour beaucoup, notamment par rapport à l’affaire d’Outreau. À chaque fois qu’on parle de la Tour du Renard, on la rattache à cette affaire. Je pense que ça va faire du bien à la commune d’Outreau cette démolition. »
D’autant plus que la vétusté n’était plus à prouver. « C’était des vieux murs. J’ai habité dans deux bâtiments de la tour, mais ce n’était pas bien grand. On était 5, on vivait dans 60 m². La salle de bain était minuscule, se remémore-t-elle, avant d’ajouter, Que ça disparaisse, ça ne me dérange pas. Au contraire… Si les immeubles avaient été réhabilités, ça nous aurait bloqués encore dans ce quartier. Les anciens auraient dit oui. Moi, qui ai habité une quinzaine d’années, j’aurais refusé. »
Parce qu’Élodie a habité avant l’affaire d’Outreau dans le quartier avant de déménager un petit peu avant le marasme de février 2000, pour finalement y revenir « par la force des choses » quelques années plus tard. De quoi faire le parallèle entre l’avant et l’après. « La mentalité n’était plus la même. Il y avait beaucoup de méfiance, moins de respect. Tout a changé. »
Un nouveau départ
Comme tous les habitants de la Tour du Renard, Élodie a intégré le programme de relogement de Pas-de-Calais Habitat qui a répondu à ses besoins. Logeant du côté de la résidence Beethoven, elle ne regrette pas. « Ça m’éloigne un peu de tout, de mes amies, des membres de ma famille, c’est vrai. Surtout pendant le confinement. Mais j’habite face à la mer… et surtout c’est très calme », constate-t-elle, apaisée et souriante, et peu soucieuse des premiers coups de pelle, date encore inconnue à l’heure actuelle.
*Élodie est un nom d’emprunt