«Ils étaient douéset modestes »


À quoi ressemblait la scène culturelle calaisienne des années 20 et 30 ?
Il y avait un bouillonnement culturel dans ces années-là. Même si, à l’exception de Jeanne Thil, aucun de ces peintres n’était artiste professionnel. C’est d’ailleurs une spécificité de Calais : ils avaient tous un emploi à côté. Ils étaient donc amateurs, mais en même temps de très bons peintres, avec de vraies formations artistiques. À la même époque, les artistes de Lille, de Tourcoing ou encore Boulogne-sur-Mer étaient tous professionnels. Mais à Calais, les artistes étaient doués et modestes. Ce qui n’empêche : Georges Andrique, par exemple, vendait des toiles. Et il en vend toujours. Il a même une très belle cote. Ce serait bien qu’il y ait une exposition sur Georges Andrique à Calais, comme il y en a une actuellement sur Jeanne Thil.
Comment expliquez-vous cet intérêt pour Georges Andrique, qui semble renaître un siècle après ?
Parfois il y a des sujets qui sont porteurs. Par exemple, avec la Covid, on a besoin d’ailleurs, et Andrique a peint beaucoup de marine. D’autre part, depuis quelques années s’est installée une tendance en faveur des artistes locaux. Même les conservateurs de musée s’y intéressent. Ce qui est apprécié, c’est leur côté authentique.
Les artistes locaux sont peut-être, aussi, plus accessibles à l’achat…
Eh bien il faut en profiter car dans quelques années on ne pourra plus se payer un Andrique ! Sérieusement, je l’ai vu avec d’autres artistes locaux, comme les peintres de l’école de Wissant, de l’école de Berck. Il y a encore quelques années, les œuvres de l’école d’Étaples n’étaient pas si chères que ça, et aujourd’hui il devient difficile de les acquérir.
Est-ce qu’on peut parler d’une « école de Calais » ?
À Calais il n’y a pas eu d’école mais un cercle d’artistes calaisiens, qui étaient anciens élèves de l’école des arts décoratifs de Calais. Ce sont eux qui, après la Première Guerre mondiale, ont décidé de créer cette exposition annuelle. Il y avait parmi eux Debuche, François Beaugrand, Émile Descamps, qui était de Coulogne et peignait à Coulogne, mais qui est considéré comme un peintre calaisien. Descamps était un bon peintre, notamment un peintre animalier.