Le coup de gueule d’un maire du Lensois contre le plan santé du gouvernement
Entre le confinement annoncé le 4 mars et le plan de relance du système de santé détaillé mardi 9 mars, c’en est trop pour Pierre Sénéchal, maire de Givenchy-en-Gohelle. Dans l’interview qu’il nous accorde, il demande du changement.


Pierre Sénéchal, le maire de Givenchy-en-Gohelle, réagit vivement au détail du plan de relance santé annoncé par Jean Castex. Exaspéré par le manque d’attention envers son département, le maire de Givenchy-en-Gohelle veut des réponses. Il se livre dans cette interview.
Une lettre ouverte la semaine dernière, une apostrophe après les annonces du plan de relance mardi. On vous sent très en colère. Pourquoi ?
Pierre Sénéchal : Bien sûr que je le suis. Jean Castex, le Premier ministre, a fait ses annonces dans la Nièvre mais je l’invite volontiers, dans notre département, dans ma ville ! Pourquoi ne viennent-ils pas ici, là où nous sommes confinés ? C’est ici qu’il faut venir expliquer aux gens pourquoi nous sommes moins bien lotis que les autres. On a eu moins de vaccins que Nice. Je ne comprends pas, nous devrions être prioritaires. Et quand il y en a, on nous met dans l’embarras.
C’est-à-dire ?
P.S : Nous n’avons pas Olivier Véran mais Gérard Majax au ministère de la Santé. Il n’y avait pas de vaccins jeudi soir. Mais vendredi, tout le monde pouvait se faire piquer. Ça nous a mis dans une situation délicate. J’ai passé ma semaine à prendre des rendez-vous pour mes personnes âgées. Certains n’ont eu qu’un créneau le 16 avril. Et le samedi matin, on me dit que des gens ont un rendez-vous pour l’après-midi. Ils répètent à longueur de journée qu’ils travaillent en concertation. Moi, en tout cas, ils ne me concertent pas. Mais, un maire d’un village de 2 000 habitants, ce n’est pas bien important. On en devient ridicules auprès de nos administrés, j’ai l’air de quoi moi ?
Mais donc les centres de vaccination ne tournent pas correctement ?
P.S : Non. À Liévin, sur le terrain, tout se passe bien ! Bravo aux personnes présentes, très sympathiques, très patientes. Elles expliquent parfaitement à des patients pas toujours rassurés. Il n’y a rien à dire. L’humain est au centre. C’est le principal.
Alors, que demandez-vous précisément ?
P.S : Justement ! De l’humain. Dans mon village, j’ai un monsieur de 89 ans qui a été hospitalisé quatre fois en cardiologie depuis Noël. Sa femme ne peut toujours pas aller le voir, alors que ce monsieur est visiblement en fin de parcours. J’entends qu’il faut protéger mais pour les cas spéciaux comme celui-ci, c’est du bon sens. Heureusement, ils sont tombés sur un médecin humain qui a accepté une visite, histoire de leur remonter le moral. Je lui tire mon chapeau. C’est important de faire la part des choses dans cette période.
Et par rapport au plan de relance de la Santé ?
P.S : On a été confinés parce que nos hôpitaux sont en difficulté. C’est normal. Mais vous savez, c’est un jeu d’échecs. Il faut deux avoir trois coups d’avance. Le Pas-de-Calais a été montré du doigt car son système de santé est en retard, à la traîne. Que va-t-il faire pour que dans, quelques années, nous soyons à la tête ? Que va-t-il faire pour que l’hôpital de Lens sorte correctement de terre ? On n’a aucune information…
Nous sommes dans un Bassin minier, j’ai vu mon grand-père mourir, étouffé, de la silicose. Aujourd’hui, nous n’avons même plus un service de pneumologie à Lens. C’est incroyable ! Nous souhaitons juste un service de santé digne. J’en ai assez que ce département soit la dernière roue du carrosse. Heureusement, localement le boulot est fait.