Covid-19: la pression augmente sur les services de réanimation
Avec 143 patients hospitalisés pour Covid au sein du Groupement hospitalier de l’Artois (GHT), le territoire reste sur un plateau haut qui dure maintenant depuis trois semaines.


Les premiers transferts depuis l’Artois vers d’autres régions et vers la Belgique ont commencé. Et le taux de lits dédiés aux soins dit « critiques » explose à 128 %. Autrement dit, on a dépassé les capacités habituelles, en allant prendre des moyens dans d’autres services. Bref, il y avait urgence à reconfiner.
C’est en substance le message clé du bilan présenté vendredi 19 mars par le directeur du Groupement hospitalier de l’Artois (GHT), Bruno Donius, entouré du docteur Bruno Thévenin, coordinateur des soins critiques à l’échelle du Grand Artois, d’Émile Deman, chargée du suivi de la vaccination et de Danièle Olivier, chargée de l’organisation de la prise en charge des patients dans les hôpitaux du GHT.
La barre des 400 décès franchie
L’Artois, comme le reste du Pas-de-Calais, reste donc sur un plateau de contamination haut (417 pour 100 000). Ce qui mécaniquement, fait grossir les hospitalisations. Bruno Donius rappelle : « Sur 100 porteurs du Covid dans la population, 7 en moyenne seront hospitalisées. Sur ces 7, 1 à 2 iront en soins critiques. Et malheureusement, 1 à 2 va décéder. » Derrière les statistiques la réalité : « Hier 18 mars, nous avons franchi la barre des 400 décès dans nos établissements depuis le début de la crise. »
Les chiffres montrent par ailleurs, l’accélération de la mortalité. 66 décès ont été recensés lors de la première vague (printemps 2020). Puis, sur la deuxième vague entre novembre dernier et aujourd’hui, on atteint les 336 décès. Bruno Donius tempère : « La pathologie n’est pas plus mortelle. Mais nous avons beaucoup plus de patients. Donc plus de décès potentiels. »
« Nous sommes dans une troisième vague »
La capacité d’accueil des malades a été adaptée avec 175 lits (92 à Lens ; 61 à Béthune et 22 lits de prise en charge en réadaptation Covid à Hénin-Beaumont). Sur ce total, entre 25 et 30 patients sont en soins critiques. Pour Bruno Donius il faut appeler un chat un chat : « Depuis trois semaines, nous sommes clairement dans une troisième vague. Le salut collectif passe par la vaccination et le respect des gestes barrières ainsi que la limitation des interactions sociales. »
Soins critiques au bord de la saturation
Au 19 mars, le GHT de l’Artois comprend 49 lits de soins critiques. « Leur taux d’occupation est de l’ordre de 90 à 95 % », résume le docteur Thévenin. Il ajoute : « Sur ces 49 lits, les deux tiers sont occupés par des malades dits Covid+. »
Sur le territoire du Grand Artois, comprenant le GHT, ainsi qu’Arras et Douai, mais aussi les établissements parapublics (ANAC et cliniques Ramsay), la capacité de lits de réanimation et de 129 lits. Là encore, le taux d’occupation dépasse les 90 %. « Cela ne nous permet plus d’accueillir l’ensemble des malades de réanimation, Covid ou non Covid », souligne Didier Thévenin. Le prix à payer pour éviter la saturation : les évacuations sanitaires (4 vers la Belgique et Le Havre depuis le début de la semaine). Ainsi que l’augmentation des capacités d’accueil en soins critiques.
Le coût sanitaire d’un lit supplémentaire
Or, qui dit augmenter les capacités d’un côté, signifie prendre les moyens ailleurs. « Sur le territoire, nous avons dépassé de 28 lits nos capacités habituelles en soins critiques », détaille le docteur Thévenin. Le directeur du GHT souligne quant à lui : « Pour ouvrir un lit de réanimation supplémentaire, il faut du personnel. Pour cela, il faut fermer une salle d’intervention chirurgicale. Une telle salle, c’est 4 à 5 interventions par jour. Donc une vingtaine par semaine et une soixantaine en trois semaines. C’est donc soixante patients déprogrammés pour d’autres pathologies. » Si besoin était, la démonstration est ici faite de l’impact du Covid en matière de santé publique, bien au-delà du mal qu’il représente à lui seul.
Conclusion des représentants du GHT : le salut passe par la vaccination. « L’immunité collective passe par l’immunité individuelle », résume Bruno Donius. Une opération qui, au rythme actuel, pourrait être achevée à la fin de l’été. Et les cadres du GHT de lancer cet ultime cri d’alarme : « Ne recréons pas des clusters en provoquant des files d’attentes devant les centres de vaccination. Le week-end dernier, on a vu des gens arriver 1h30 avant leur rendez-vous par peur de ne pas avoir de dose. Lorsqu’un rendez-vous est pris, c’est qu’il y a une dose de vaccination garantie. »