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Béthune : Bridgestone ferme définitivement ce vendredi le 30 avril

60 ans après l’arrivée de Firestone, devenu Bridgestone, l’usine de pneus ferme ses portes. Une liquidation qui a pris sept mois. Alors qu’un logisticien va prendre la place, les salariés préparent l’après. Certains ont déjà entamé leur nouvelle vie

Journaliste
Temps de lecture: 4 min

Vendredi 30 avril 2021. Cette date restera marquée dans l’histoire de l’industrie en Artois. Elle sera également synonyme de la triste fin d’une vie professionnelle pour 863 femmes et hommes. Gâchis. C’est le mot employé par l’intersyndicale pour définir la fermeture de l’usine de pneumatiques Bridgestone à Béthune. « Quand on voit le pognon mis dans le PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi, NDLR), on aurait pu refaire une usine neuve, racheter des machines et faire des pneus qui se vendent. C’est qu’ils n’en voulaient plus de cette usine », lâche, amer, Denis Drouet, représentant de l’intersyndicale, lundi 26 avril.

« On nous dit que l’on a gagné au loto avec la fermeture. Non, on a perdu un emploi. »

Denis Drouet, syndicaliste

Face à la situation de non-retour, l’intersyndicale a bataillé dur durant sept mois. « Le dialogue social n’a pas été bon. Mais on a obtenu un bon PSE. 24 mois de congé de reclassement, c’est du jamais vu », assure le syndicaliste. Un point l’énerve toutefois. « On nous dit que l’on a gagné au loto avec la fermeture. Non, on a perdu un emploi. Et pour les plus âgés, ça va être difficile d’en retrouver un. » Pour les y aider, un cabinet de reclassement est installé avenue Kennedy (lire le focus ci-dessous). Un accompagnement sera encore proposé durant deux ans.

À ce jour, 70 salariés sont partis en préretraite, 141 personnes ont retrouvé un CDI. 274 demandes de formation ont également été déposées. « Il y a encore des centaines de salariés qui n’ont pas retrouvé un emploi ! » L’intersyndicale porte ses espoirs sur les repreneurs. « Apparemment, il y a de bonnes nouvelles », annonce Denis Drouet sans accepter de préciser afin de respecter les clauses de confidentialité.

Un rassemblement devant la mairie

Le dernier jour de Bridgestone Béthune sera un jour comme un autre. Aucune mobilisation ou action ne sont prévues par l’intersyndicale devant l’usine. « Beaucoup de personnes ont posé des congés. Faire un rassemblement avec 100 ou 150 personnes et pour faire quoi ? Pour voir les gens sortir au tourniquet pour la dernière fois ? », interroge Denis Drouet.

Ce dernier poursuit la stratégie appliquée depuis le début  : ne pas faire de vagues. « En réunion, c’était un combat de tous les jours, mais il n’y avait pas le feu devant l’usine, non, et la direction n’attendait que cela. S’il y avait eu de la casse, des jours de grève, les gens auraient perdu de l’argent. Là, ils n’ont pas perdu un centime depuis l’annonce de la fermeture (mercredi 16 septembre, NDLR). S’il y avait eu de la casse, le PSE n’aurait pas été le même, c’était la bonne stratégie. Et cela aurait donné une mauvaise image des salariés pour un futur emploi. On peut sortir la tête haute. »

La seule action annoncée par l’intersyndicale est un rassemblement à midi devant l’entrée de la mairie, côté Grand-Place. Un livre d’or sera installé durant toute l’après-midi du vendredi. La ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, est par ailleurs attendue, pour un rendez-vous avec l’intersyndicale.

Et maintenant, que va devenir ce site de 4 hectares ?

Et après  ? Imposant, le site de Bridgestone s’étend sur 4 hectares. Une superficie qui offre un réel potentiel. À condition d’y attirer des entreprises et qu’il ne reste pas désespérément vide, comme une maison hantée par les fantômes d’une riche époque industrielle.

La direction France de Bridgestone a ainsi décidé de céder le site à SIG, une filiale du groupe LOG’S. « U n groupe travaillant au service de l’industrie, originaire de la région Hauts-de-France et partenaire de Bridgestone à Béthune depuis plus de 20 ans  », précise la direction du fabricant de pneus. L’ambition est clairement affichée : « Cet accord stipule que Bridgestone France cédera le site de Béthune à SIG pour un montant symbolique. Un acte fort permettant de soutenir la reprise et la réindustrialisation du site. Bridgestone France s’engage également à participer aux investissements d’aménagements aux côtés de SIG, engagé et doté d’une expertise forte sur la transformation de sites en reconversion. »

On sait que trois entreprises avaient entamé des discussions bien avancées avec la direction France de Bridgestone. Désormais, SIG prendra donc le relais de ces négociations et de l’étude du nombre de créations d’emplois à venir, l’un des critères majeurs de sélection. Par exemple, la société Avosdim de Béthune avait émis sa volonté de s’installer sur 25 000 m2, pour y créer près de 200 emplois en cinq ans. Cet argument pèsera-t-il ? Ici, une nouvelle attente commence.