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La Polonia de Laurent Pietraszewski

Le Secrétaire d’État chargé des retraites et tête de liste LREM aux prochaines élections régionales évoque sa Polonia de cœur

Temps de lecture: 3 min

Pietra plutôt que Pietraszewski. Ses communicants ont tranché : plus pratique et mnémotechnique, plus facile à retenir dans le monde raccourci des hashtags. Lui ne s’en émeut pas : « C’était déjà Pietra quand je jouais au foot… on disait bien Kopa plutôt que Kopaszewski ! Il n’y a que mon papa qui n’aime pas trop. »

Et pour cause : ce nom à consonances si polonaises a une incroyable histoire. « Mes grands-parents paternels ont suivi le gouvernement polonais en exil en 1939 jusqu’en Angleterre, où ils ont été formés pour s’introduire sur le territoire français occupé. Mon grand-père était télégraphiste et ma grand-mère agent de liaison. En 1941 leurs activités les amènent à Nice, ma grand-mère enceinte y donne naissance à mon père ; mais il y avait un risque pour mon grand-père d’être arrêté par les Allemands au moment de déclarer l’enfant à la mairie… c’est donc un autre homme de la communauté polonaise qui est allé reconnaître mon papa en lui donnant son nom : Pietraszewski ! »

Le grand-père disparaîtra néanmoins à Nice en 1943 dans des conditions mystérieuses ; son épouse poursuivra ses activités pour le gouvernement libre même après-guerre, retournera en Pologne, voyagera fréquemment dans les pays de l’Est…

Ses débuts dans le groupe Auchan

Bien qu’élu nordiste, Laurent Pietraszewski n’est cependant pas issu de la Polonia du Bassin minier. « Je suis né à Saint-Denis, on habitait à Épinay-sur-Seine, dans un de ces premiers HLM des années 60-70, au dernier étage… on y était très content à l’époque ! Au hasard d’une affectation professionnelle, mon père se retrouve à Lille et donc je fais ma rentrée de 6e dans le Nord ! » C’est là qu’il remarque qu’il y a quelques noms comme le sien mais sa vraie rencontre avec la Polonia se fera plus tard : à la fac. « Quand je prépare mon mémoire de maîtrise avec un camarade de Loos-en-Gohelle dont le papa faisait de la charcuterie polonaise ! »

Son DEA d’économie en poche, il postule auprès du groupe Auchan et est embauché à Noyelles-Godault par quelqu’un… d’origine polonaise ! « J’avais 25 ans et c’est là que j’ai senti quelque chose de fort, la proximité avec les gens avec lesquels je travaillais ; on parlait de nos racines, on allait dans les bals Kubiak… une vraie identité, moins perceptible ensuite à La Rotonde Béthune où j’étais chargé de recrutement. Puis quand Auchan ouvre ses hypers en Pologne, dans les années 90, on me propose d’y aller mais mes filles venant de naître je préfère rester dans la région où je serai néanmoins responsable des impatriés et expatriés : c’est ainsi que j’accueillerai beaucoup de Polonais ! »

Élu député En Marche, Laurent Pietraszewski s’inscrit dans le groupe d’amitié France-Pologne à l’Assemblée nationale. Sur l’état de la Pologne actuelle le membre du gouvernement qu’il est devenu ne souhaite pas s’exprimer : « c’est un beau pays qui a beaucoup souffert, mis à mal par ses voisins, ce qui a construit son identité ; mais en Pologne comme ailleurs on doit rester attentif à des choses indispensables pour vivre ensemble : les libertés individuelles… ces indicateurs forts du fonctionnement d’une démocratie. »

Parce qu’il se sent aujourd’hui dépositaire « d’un petit morceau de l’Histoire de ces centaines de milliers de personnes venues travailler en France », Laurent Pietraszewski vient d’apporter son soutien officiel à l’émission d’un timbre-poste célébrant le centenaire de l’arrivée massive des Polonais en France et à « la belle idée d’une année France-Pologne » en 2023.