« C’est devenu un fléau à Dunkerque »

Les services de police, à Dunkerque, ne chôment pas. « La prostitution à Dunkerque, c’est devenu un fléau », s’inquiète un agent proche de ces dossiers.
Une problématique qui ne relève pas seulement de réseaux bien organisés. « Il y a aussi des mineures qui se prostituent d’elles-mêmes. »
De plus en plus de jeunes filles fugueuses « tombent, bien souvent, sous la coupe d’un mec ». C’est assez facile de les repérer, puisqu’elles se vantent de tout cet argent amassé sur les réseaux sociaux.
Problème : « Il n’y a pas de dialogue possible avec elles ; elles nient, mais, surtout, elles s’en foutent ! On a l’impression qu’elles ont le cerveau retourné. »
Certaines n’ont pas conscience des risques qu’elles encourent. « On en a déjà retrouvé sur les camps de migrants, à Grande-Synthe. »
La plupart on entre 14 et 18 ans
Et ça démarre tôt à Dunkerque : en moyenne, elles ont entre 14 et 18 ans. « Pour un pull ou un téléphone, elles se prostituent. C’est toujours pour l’argent et elles le dépensent tout de suite. »
Les filles acceptent assez facilement de rencontrer leurs clients dans des hôtels. Souvent de bas de gamme. « Quand c’est un réseau, il y a toujours un majeur qui prend une chambre et qui organise le rendez-vous depuis Internet. »
Certains établissements, en cas de suspicion, avisent la police. Et même si cette dernière parvient à faire tomber le proxénète, les filles y retournent d’elles-mêmes. L’appât du gain d’abord – « leurs yeux brillent quand on leur parle d’argent » –, mais aussi parce qu’elles savent qu’elles ne craignent rien. « Des procédures sont montées, mais partiellement, car elles sont bien souvent mineures ».
Pas de profil type établi
La prostitution a explosé dans la cité de Jean Bart depuis 2016. « On a commencé, à ce moment-là, à se rendre compte de ce qui se passait à Dunkerque. »
Pour la plupart d’entre elles, elles sont envoyées à Lille et Roubaix. « La dernière fois, on a retrouvé une jeune Dunkerquoise dans une chambre d’hôtel, dans un coma éthylique. »
Drogue et alcool font souvent partie de l’environnement. « On a l’impression qu’elles veulent tout expérimenter. »
Difficile d’estimer un nombre. Mais elles se compteraient en dizaines de filles. « Il y en a aussi qui restent dans le Dunkerquois. »
Globalement, l’équation n’est pas rassurante : « On interpelle moins de proxénètes que de nouvelles filles qui se prostituent. »
Aucun profil type n’est établi : les jeunes filles viennent de toutes catégories socioprofessionnelles. « Elles peuvent être très intelligentes, avoir reçu une bonne éducation et, d’un coup, ça lâche. Même elles ne l’expliquent pas. »