Charles Devos, patron du canot SNSM de Calais: «Je m’y attendais un petit peu. On se disait, ça va finir en drame»


Dans quel contexte avez-vous été déclenché cet après-midi ?
« Nous avons été appelés à 14h50 et nous sommes dirigés vers le Sandettie, au milieu de la Manche. Nous sommes partis avec quatre marins de la SNSM sur le canot de sauvetage Notre-Dame du Risban. »
Qu’avez-vous trouvé sur place ?
« Nous avons ramassé, récupéré six corps flottants, et nous avons vu l’embarcation, qui avait juste encore assez d’air pour flotter. Tout le monde n’avait pas de gilet de sauvetage. »
La cause du naufrage est-elle connue ?
« Nous avons vu l’embarcation qui n’avait presque plus d’air, mais est-ce qu’elle a été crevée par une collision ou est-ce qu’elle s’est dégonflée, je ne sais pas. Ce sont des embarcations ultra-légères, on s’en sert une fois et après on les met à la poubelle je crois… La dernière fois, on avait fait un sauvetage de canoë-kayak où ils avançaient en pagayant. »
La SNSM est souvent sollicitée en ce moment ?
« Tous les jours, quand il y a une météo comme ça, je m’attends à être appelé. La mer est froide, à 12 ou 13ºC sans doute en ce moment, et la météo est calme, on avait beau temps. En ce moment, on est à deux ou trois départs par semaine. Ils embarquent dans des Zodiacs© pneumatiques, mais surchargés. Tous les jours, on se disait, ça va finir en drame. »
Comment vous vous sentez après une telle intervention ?
« On prend l’habitude…, mais c’est quand même choquant. La semaine dernière, nous avons secouru une femme qui avait un bébé de trois mois qui hurlait dans ses bras. C’est dur. Là, il y avait une femme enceinte et un enfant. »