Daniel Roussel, directeur de Calais Opale Bus : « La convivialité esten train de s’effondrer »

Quels sont les problèmes que vous font remonter chauffeurs et passagers ?

« Ce n’est pas tant la violence réelle : la dernière agression grave d’un de nos chauffeurs remonte à 1992, on n’a quasiment pas de dégradations. Mais on traverse néanmoins une période bizarre, sous l’effet combiné de la gratuité et du Covid, la fréquentation de nos lignes augmente et on sent que les gens sont de plus en plus irritables, qu’ils tolèrent de moins en moins une remarque ou simplement un jeune qui a un baladeur un peu trop bruyant… »

Et cela se traduit par des agressions verbales ?

« Disons que le bien-être et la convivialité qu’on a mis des années à bâtir sur nos lignes sont en train de s’effondrer. Ça nous inquiète beaucoup, à commencer par les chauffeurs. Tout simplement parce qu’une distance est apparue avec les gestes barrières. Avant, le chauffeur reconnaissait les habitués, les saluait. Maintenant, le chauffeur est masqué, enfermé derrière le plexiglas, une chaîne barre l’accès à sa cabine, on oblige les gens à monter par les portes arrière… Alors forcément, il n’y a plus de convivialité. Et toutes les interactions avec la clientèle deviennent plus conflictuelles. »

Certains habitants, relayés par l’opposition municipale RN, dénoncent des agressions liées à la forte fréquentation de certaines lignes par les réfugiés. Avez-vous constaté la réalité du phénomène ?

« Encore une fois, on recense très peu d’agressions à bord de nos lignes, et pas de problèmes particuliers avec les réfugiés, qui en général veulent surtout rester discrets. Ce qu’on nous fait remonter en revanche, c’est plus un phénomène de nombre que de nuisances réelles d’individus. À certains arrêts, comme à Greuze, on peut avoir une cinquantaine de réfugiés qui montent à bord et le bus se retrouve vite plein. Ça peut effrayer des usagers, ou en énerver d’autres parce que quand le bus est plein, le chauffeur doit refuser que d’autres usagers montent. »