Le phare de Walde, «une révélation ! »


Né à Lille et en résidence à Calais depuis 5 ans, Frédéric Lesur a suivi une formation d’officier polyvalent dans la marine marchande et a navigué au long cours (escales dans 35 pays et 5 continents). Il est maintenant ingénieur-chercheur depuis 30 ans pour développer des systèmes innovants de câbles souterrains et sous-marins. Il est au cœur de la démarche menée par l’EPAC pour préserver le phare de Walde.
Pourquoi vous êtes-vous passionné pour le phare de Walde ?
J’ai conduit mon premier cargo à 24 ans, en prenant le quart à minuit entre Dunkerque et Le Havre, dans le Pas-de-Calais justement, la zone la plus fréquentée du monde, visible de Walde… Après la première période de confinement Covid-19 et une diète frustrante de grands espaces, je me suis rendu seul sur le site, un soir en guise de pause après ma semaine de travail.
J’ai attaché mon vélo sur la place de Marck, et j’ai rejoint le phare à pied. Autant je connais bien le Site des Deux-Caps (je suis trailer, et je cours jusqu’à 40 kilomètres sur ses chemins), autant j’ignorais tout des Hemmes et de la plage de Marck. J’étais seul dans cette immensité, face à la silhouette du phare en contre-jour de la mer qui scintille, puis de lueurs crépusculaires. Avec le seul bruit du vent et les chants des phoques. Une révélation !
Quel est votre rôle au sein de l’EPAC ?
En tant qu’ingénieur, j’ai l’habitude et un goût avéré pour monter un dossier, un projet, l’argumenter, le défendre, le présenter. La vulgarisation scientifique fut longtemps mon principal hobby, et mon employeur m’a permis de lancer une chaîne YouTube dans le cadre de la transition énergétique. J’aime apprendre et partager des connaissances.
Après le dossier de la chapelle Poyé, j’ai appris que l’association avait besoin de renforts pour un autre engagement : le phare de Walde. J’ai rapidement trouvé des documents et articles en ligne. Mon travail d’historien local en herbe a ainsi commencé très humblement. Et puis j’ai rencontré une équipe formidable à l’EPAC qui m’a donné carte blanche. Marcel Charpentier de la FRCPM avait montré la voie. Notre époque se prêtait sans doute mieux à la sauvegarde du phare que lors de sa tentative en 1998.
Comment êtes-vous parvenu à faire avancer le dossier ?
La meilleure idée fut d’organiser une visite à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine en septembre 2021. Nous pensions la réaliser avec une dizaine d’adhérents de l’EPAC. Edith Lhomel, la présidente, a clos sagement les inscriptions car nous avions déjà 40 participants.
Nous avons toujours eu des conditions météo très favorables lors de nos visites qui ont magnifié l’endroit et enthousiasmé les participants, y compris lorsque nous avons emmené avec nous des représentants de la DRAC (Délégation Régionale à l’Action Culturelle). La qualité des relations avec nos interlocuteurs a dopé l’émulation.
Et maintenant ?
Alerter des nécessités et urgence de sauvegarder le phare, c’est fait ! Aujourd’hui débute la phase la plus intéressante : s’attabler avec les parties prenantes et discuter de comment sauver le phare (pour de vrai). J’ai commencé à noter des idées et à construire des argumentaires. La réussite du projet dépendra de propositions crédibles et raisonnables, sans renoncer à l’authenticité du monument historique.