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Une dimension mémorielle qui s’estompe

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Dans son discours prononcé au pied de l’obélisque du Blanc-Nez, Flaminius Raibert insiste sur un aspect sans doute évident à son époque :« Un double monument a été élevé, à Douvres et à Calais, pour célébrer la mémoire des marins anglais et français de la Dover Patrol et attester à tout jamais, à la face des hommes, de la mer et du ciel, leur héroïsme. Les navigateurs qui, du large, verront se profiler sur le ciel la ligne pure de ces deux monuments, concevront, en les regardant, l’unité des opérations sur terre et sur mer, et ils comprendront comment il fallut l’héroïsme réuni des armées et des marines alliées pour gagner la guerre. Mais ce n’est pas seulement l’unité des opérations que les deux monuments de Douvres et de Calais font comprendre : ils sont, dans leur simplicité et leur émouvante symétrie, le plus éloquent et le plus pathétique symbole de la fraternité d’armes anglaise et française ». Cette dimension mémorielle est-elle toujours vivante de nos jours ? On peut en douter. Très peu d’informations sont diffusées, de part et d’autre du Channel à propos de l’existence d’un autre obélisque sur la côte d’en face, encore moins sur la signification de cette étonnante et très rare gémellité. En 1922, tous les habitants de la côte d’Opale savent ce qui s’est déroulé dans les eaux du détroit et sont conscients de l’importance de l’alliance franco-britannique. En 2022, les féroces combats qui ont opposé l’Entente et les Empires Centraux sur les mers et les océans sont largement oubliés au profit des seules batailles livrées sur la terre ferme, dans des tranchées devenues l’essence même de la Grande Guerre. Et depuis le Brexit…