L’impressionnante batterie Lindemann


Entre Calais et le cap Blanc-Nez, les Allemands installent une batterie lourde de marine dotée de canons de très gros calibre, tirant des obus de 1,80 m pesant plus d’une tonne.
Baptisée en l’honneur d’Ernst Lindemann, commandant du cuirassé Bismarck, coulé par la flotte anglaise le 27 mai 1941, la batterie Lindemann est aménagée pour mieux verrouiller tout le secteur du détroit du pas de Calais. Pour la mettre en place, des tonnes de béton sont coulées.
Un impressionnant ferraillage est aussi nécessaire pour servir de paroi.
La batterie dissimule trois canons nommés César, Bruno et Anton, qui représentent le plus gros calibre du Mur de l’Atlantique : 406 mm.
« Pour amener jusqu’aux blockhaus les tubes de 21 mètres de long, les Allemands utilisent un char de 48 roues et démolissent une partie du mur du cimetière de Sangatte pour permettre leur passage dans un virage » rappelle Laurent Seillier.
La batterie est inaugurée en novembre 1942 par des tirs aléatoires.
Au tremblement des vitres de leurs habitations, tous les Calaisiens savent que ça bombarde depuis les Noires-Mottes! Mais les mises à feu ne sont pas si fréquentes. Chacune des batteries n’a tiré en moyenne qu’une centaine d’obus.
Le chargement de chaque engin explosif est long : un moteur électrique autonome et des treuils sont indispensables pour mener à bien cette opération lente car délicate.
De plus,les forces de frottement à l’intérieur du tube d’acier sont telles que ce dernier s’use très vite en cas d’utilisation intensive. Reste que l’essentiel, aux yeux des nazis, est de montrer au monde entier et au peuple allemand la force de son armée.
Plusieurs photos de la batterie Lindemann sont utilisées, au cœur du conflit, au service de la propagande du régime hitlérien.
De nos jours, on ne peut plus voir les colossaux blockhaus de la batterie Lindemann, qui ont été ensevelis sous les gravats liés au chantier du Tunnel sous la Manche.
Dans les années 1980, on pouvait encore les visiter et voir à l’intérieur les tables des artilleurs comptabilisant les obus.
A savoir que le bunker en forme de tour penchée d’Oye-Plage ainsi que le beffroi de l’hôtel de ville de Calais ont servi de points d’observation pour régler les tirs de la batterie Lindemann.