Adrien Van Beveren, pilote moto (Racquinghem) va s’élancer sur le Dakar
Adrien Van Beveren prendra le départ du Dakar samedi 5 janvier en Arabie Saoudite. Après deux abandons, il espère franchir la ligne d’arrivée et rêve toujours de victoire

Adrien, pourquoi avoir annulé le prologue, qui devait avoir lieu le 21 décembre entre Racquinghem et Sceneo, une occasion pour tes fans de te voir avant le Dakar ?
C’est une décision personnelle qui a été très difficile à prendre. Toute mon équipe avait déjà travaillé sur l’organisation de cette journée, mais j’ai souhaité mettre toutes les chances de mon côté avant le Dakar.
Cela passe par davantage de récupération ?
Tout à fait. Depuis cette année, j’ai un nouveau préparateur physique qui m’a fortement conseillé de lever le pied dans ma préparation. J’ai été éduqué avec l’idée que le travail finit toujours par payer. Mais je me demande si l’année dernière, je n’étais pas surentraîné. Avant, on voulait faire de moi une machine, une bête physique, mais mes entraîneurs m’ont dit d’arrêter de vivre à 200 %, que la façon dont je gérais ma carrière depuis deux ans n’était pas possible sur le long terme. Naïvement, je pensais qu’une journée passée dans un avion ou sans faire de sport était une journée de repos, or pour une récupération optimale, il ne faut rien faire.
C’est aussi pour ça que tu n’as pas préparé cette année l’Enduropale du Touquet ?
Oui. Jusqu’à l’année dernière, je consacrais 80 % de mon temps à la préparation pour le Dakar et 20 % pour l’Enduropale. Sébastien Sagot, mon coach, m’a demandé si j’estimais possible de gagner le rallye le plus dur du monde à 80 % de mes moyens face à des pilotes qui s’entraînent toute l’année pour cet unique objectif. J’ai donc sorti l’Enduropale de mon esprit. Cette année, Yamaha n’a même pas préparé de moto, ni casque, ni maillot spécial. Mais quoi qu’il arrive, je serai au Touquet le 2 février prochain. Si ça se passe bien au Dakar, je serai sur ma moto, sinon, j’irai à la rencontre de mes supporters.
On te sent plus serein à l’approche du Dakar. Comment l’expliques-tu ?
L’an dernier, après ma blessure de 2018, j’étais surmotivé, j’ai pris le départ avec un sentiment de revanche. Finalement, j’ai dû abandonner à cause d’une casse moteur à deux jours de l’arrivée alors que j’étais deuxième du général. Ces deux Dakar ont été décevants en termes de résultats, mais j’ai plus appris ces deux dernières années que lorsque j’ai terminé 4e et 6e. J’ai compris que pour gagner le Dakar, il ne fallait pas forcément être le plus rapide. Je vois la course différemment. Pour moi, le Dakar est comme un immense mur qui me fait face. Avant, je fonçais droit dedans. Aujourd’hui, j’essaie d’être plus intelligent, j’essaie de l’analyser avant de l’escalader de la meilleure des façons.
Le Dakar se déroule pour la première fois en Arabie Saoudite. Comment imagines-tu la course ?
Ça sera la surprise pour tout le monde. Les road-book ne seront distribués que le matin de chaque étape, impossible d’établir une stratégie à l’avance. Le Dakar veut redevenir LA référence en matière de navigation. En Amérique du Sud, à cause de contraintes archéologiques notamment, la course devait parfois passer dans un couloir d’environ 30 km de large. Là, on retrouve un désert vierge, peu exploité. Je suis sûr que parfois, on se retrouvera perdu au milieu de nulle part. Sportivement, ce Dakar s’annonce fantastique.
L’Arabie Saoudite n’est pas irréprochable en matière des Droits de l’Homme. Comprends-tu les réserves émises par certains à l’idée de disputer le Dakar dans ce pays ?
Je sais ce qui se passe là-bas, même si c’est parfois déformé et amplifié. Je ne suis pas du genre à fermer les yeux sur ce genre de situation. Les Européens se montrent souvent donneurs de leçons. Il faut qu’on leur laisse une chance. Aller disputer le Dakar en Arabie Saoudite, c’est une chance pour ce pays, j’espère qu’il la saisira.
As-tu cette année la pression du résultat ?
Je n’ai que 28 ans et je suis encore l’un des plus jeunes du plateau chez les professionnels. Certains pilotes ont gagné le Dakar à plus de 35 ans. Et j’ai la chance d’avoir la confiance de Yamaha. Malgré ce qui s’est passé l’année dernière, ça reste et restera toujours ma marque de cœur. C’est cette équipe qui m’a amené où je suis aujourd’hui. Elle a réagi de la meilleure des manières après le dernier Dakar. Aujourd’hui, j’ai une moto qui me correspond avec des pièces faites sur-mesure et une vitesse de pointe qui avoisine les 190 km/h.
Un dernier mot pour tes fans ?
Je reste humble, je sais d’où je viens, Mon but est de leur ramener la coupe à la maison. Celui qui gagnera le Dakar cette année, c’est celui qui se perdra le moins. C’est facile à dire, beaucoup plus difficile à réaliser.