C’est sur le site d’Antinoé, une antique cité égyptienne qui a perdurée jusqu’au XIIe siècle, qu’Ounnout a été découverte en 1906 par l’archéologue Français Albert Gayet. Des milliers de momies se trouvaient sur le site, dont plusieurs recouvertes d’or. Ounnout est l’une d’entre elles. Une jeune femme agée entre 20-25 ans, débandeletée, dévoilant un corps brun et doré, reposant sur une litière funéraire composée de coques et de feuilles de figuier ; le visage encore entouré d’une chevelure abondante.
Comment est-elle arrivée à Dunkerque ?
Les momies et objets trouvés sur le site d’Antinoé ont été partagés entre les États Français et Égyptien et Ounnout fut expédiée en France, d’abord au musée du Louvre. Elle fut ensuite exposée au musée Guimet pendant quelques mois. Émile Guimet (1836-1918) était le premier mécène des fouilles d’Antinoé. Ces richesses archéologiques ont ensuite été réparties entre les musées de France. À l’époque, le maire de Dunkerque, Alfred Dumont (1845-1915) sollicite auprès de Guimet une momie... Ounnout arrivera au musée de Dunkerque à la fin de l’été 1907.
Qui est Ounnout ?
C’est une jeune femme égyptienne momifiée dans l’or il y a près de 1 780 ans. (fin du IIe milieu du IIe siècle après JC). Elle date de l’égypte romaine. Albert Gayet traduisit le nom d’Ounnout en « prophétesse » et la considéra comme l’une des quatre officiantes du culte d’Osiris à Antinoüs (Antinoé). Cette hypothèse semble confortée en raison de l’or qui la recouvre. L’or, métal précieux, était assimilé par les anciens égyptiens à la chair des dieux permettant au mortel la survie dans l’au-delà.
Une momie qui sort très peu
Le musée de Dunkerque est fermé depuis 2015 et Ounnout a déménagé dans les réserves du Laac. Depuis 1907, hormis sa mises à l’abri lors des deux derniers conflits mondiaux, elle n’avait pris l’air qu’en 2011, pour se rendre au centre hospitalier où elle avait subi un scanner dans le cadre de recherches scientifiques plus poussées sur son procédé de momification (momifiée sans avoir été éviscérée, une pratique Copte). En 2017, elle avait été sollicitée aussi par le musée de Saint-Jans-Cappel, mais la municipalité avait reculé devant le coût des aménagements (60 000 €) nécéssaires pour accueillir la momie dans de bonnes conditions.
En route pour Boulogne
C’est peut-être le signe d’une nouvelle époque où l’on trouve à nouveau normal de mutualiser et de partager, mais le musée de Dunkerque a trouvé dommage de dérober ainsi la célèbre momie dorée au regard des amateurs d’histoire, et Boulogne s’est imposé naturellement. Ounnout arrive au musée de Boulogne-sur-Mer pour y demeurer au moins cinq ans, le temps que le nouveau pôle muséal de Dunkerque voit le jour. Un cycle de conférences et de visites thématiques va se mettre en place.
Pourquoi Boulogne ?
Dès la création du musée de Boulogne-sur-Mer en 1825, les collections d’Égypte antique sont présentes et s’étoffent peu à peu durant le 19e siècle jusqu’au début du 20e siècle. L’achat en 1837 du double cercueil de Nehemsimontou et de la momie d’un homme inconnu grâce à une souscription publique souligne le vif intérêt que portent les Boulonnais à cette thématique. Ces collections vont inspirer la vocation d’Auguste Mariette (1821-1881),
pionnier de l’égyptologie moderne. Né à Boulogne-sur-Mer, cet autodidacte passionné deviendra un archéologue de renom, directeur des antiquités en Égypte et fondateur du musée du Caire. Il donnera au musée de sa ville natale plus de cent cinquante objets comprenant principalement des statuettes funéraires et des amulettes.
C’est donc aux côtés de l’ensemble funéraire cher à Mariette que le musée accueille à partir du 1er février 2020 pour un prêt de longue durée, la momie dorée du musée des beaux-arts de Dunkerque.
Á cette occasion, les salles égyptiennes du parcours permanent ont été réaménagées en deux salles. Une qui explique le lien entre Auguste Mariette et Antinoé, et une autre qui associe le rite funéraire égytien aux deux momies, qui reposent côte à côte. Un prêt qui a donné des idées à Boulogne puisqu’un projet d’étude de la momie d’homme va être initié. Les spécialistes estiment déjà qu’au regard des différents procédés de momification, près de 1000 ans séparent les deux momies.