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Les professeurs de l’Ulco tentent de s’adapter à la situation

Enseignant en chimie à l’université, Frédéric Ledoux revient sur les nouvelles pratiques.

Temps de lecture: 3 min

Rapidement après le confinement, l’université du littoral Côte d’Opale (ULCO) et l’école d’ingénieurs du littoral Côte d’Opale (EILCO), ont mis en place un système de télé-enseignant efficace. Grâce à Discord (lire notre édition de mercredi) un logiciel initialement conçu pour les communautés de joueurs en ligne, ils enseignent avec les nouvelles technologies par le biais de Chat textuel et vocal.

Si les étudiants ont facilement adopté ce système, déjà familier pour la plupart, côté enseignant ce n’est pas la même ritournelle. «  Ça n’a pas été évident au départ  », concède Frédéric Ledoux, enseignant en chimie et responsable de la licence physique-chimie à l’université. « Les enseignants n’étaient pas habitués à ce système, il a fallu expliquer aux collègues, faire des séances de démonstration  » pour s’approprier le nouvel outil. Et dès la première semaine, « tous les serveurs étaient en place » pour enseigner autrement.

La pratique : les limites du système

Un système efficace donc mais pas sans bémol. «  C’est très exigeant pour les étudiants et les enseignants concernant la concentration  », explique l’enseignant. Les cours étant dispensés virtuellement, les voilà scotchés aux ordinateurs, pris entre un fil de discussion écrit, des documents partagés et un cours vocal. Une manière de travailler très différente, un «  outil intéressant pour les cours, le partage de diaporama, les explications orales », détaille le professeur, mettant le doigt ensuite sur les limites du système concernant le volet pratique de sa discipline.

« Pour certains, nous sommes plus proches des élèves. Nous sommes davantage à l’écoute. Et pour les étudiants, certains travaillent plus »

En chimie, les manipulations deviennent donc inexistantes. «  Là, pour les travaux pratiques ou dirigés, nous sommes un peu pris à la gorge. Nous pouvons faire des schémas en direct, certains enseignants sont équipés de tablettes… Mais pour nous, il est important de manipuler, ça devient impossible. »

« On s’adapte au jour le jour »

Il a fallu redoubler d’imagination, «  trouver des vidéos illustratives des manipulations  » notamment. Et d’ajouter : « Au déconfinement, les étudiants feront les manipulations des résultats qu’ils ont traités. Nous ferons, en septembre, une séance de travaux pratiques mais qui ne sera pas évaluée. »

En fonction des annonces du Gouvernement, les enseignants sont contraints de changer leur fusil d’épaule, «  on s’adapte au jour le jour ». Désormais l’heure est à la «  réflexion des évaluations à distance ». Le télé-enseignement a ses limites, mais aussi des atouts.

Un bilan positif

« Paradoxalement, pour certains, nous sommes plus proches des élèves, encore plus disponibles. Nous sommes davantage à l’écoute. Et pour les étudiants, certains travaillent plus  », raconte Frédéric Ledoux. La peur du décrochage peut-être, la crainte de ne pas suivre, ne pas comprendre aussi. Et de concevoir que «  ça peut être à double tranchant, nous avons du mal à évaluer le degré de compréhension des élèves. On s’adapte mais c’est là où ça peut pêcher. » Les conditions de travail des élèves ont également été au cœur des intérêts, notamment pour l’équipement informatique : l’université a prêté des ordinateurs aux élèves n’en ayant pas.

Pour l’enseignant, ce nouveau système est une façon « de pallier au manque  » mais « le distanciel ne remplace pas le présentiel  ». Après un mois de cours à distance, les enseignants ont du recul sur la situation. «  Ça fonctionne, il y a des améliorations à faire. Il y a eu des craintes, c’est nouveau pour tout le monde.  »