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Louvre-Lens : Bercés par l’éclat de quelques nocturnes [Vidéo]

Rendez-vous jusqu’à la fin des vacances d’été avec l’exposition Soleils Noirs au Louvre-Lens. Cette semaine, nous plongeons dans la salle des Nocturnes.

Journaliste
Temps de lecture: 3 min

On est immédiatement dans l’ambiance.

La première salle de l’exposition Soleils Noirs du Louvre-Lens plonge dans une pénombre dont l’œil ne sort que grâce aux éléments permettant, justement, de mettre le noir en relief : la lumière et la couleur. Une lumière qui jaillit d’un délicat rayon de lune éclairant le tombeau de Werther, sur lequel pleure l’inconsolable Charlotte (lire aussi plus bas).

Lumière lunaire encore, avec le tableau de Joseph Vernet (XVIII e), intitulé Paysage, effet de clair de lune. Autant d’œuvres faisant surgir cette question pas si idiote que cela : mais au fait, comment peindre la nuit ? Comment peindre le noir ? Effet inattendu dans cette salle, les cadres dorés ressortent magnifiquement. On en apprécie comme rarement l’éclat et les détails qui sont souvent de petits chefs-d’œuvre à eux seuls, de par la régularité et la précision des motifs.

Vision crépusculaire de Ludwig Van

Presque sans faire de bruit, une œuvre aux accents avant-gardistes se glisse au milieu de voisines plutôt sages comparées à elle. Il s’agit du Concetto spaziale (1950) du sculpteur Lucio Fontana. Ici, la toile est percée de trous. Il déclarera à propos de cette technique : « Je ne veux pas faire de peinture. Je veux ouvrir un espace, créer une nouvelle dimension, nouer un lien avec le cosmos qui s’étend sans cesse au-delà du plan confiné d’une image. »

Enfin, un peu paradoxalement, terminons ce petit 360 degrés dans cette salle par la première œuvre qui nous y accueille. Un tableau monumental. Extrêmement sombre. Il s’agit du crépusculaire Beethoven, la sonate au clair de lune (1890), de Benjamin-Constant. Il faut du recul pour bien l’observer. Et voir émerger, à peine, le visage d’un Ludwig Van au bout de sa vie, frappé de surdité et de problèmes de vue sérieux. Quand la nuit s’approche…

Beethoven-Sonate au clair de Lune de Benjamin-Constant.
Beethoven-Sonate au clair de Lune de Benjamin-Constant.

Rayon de lune sur le tombeau du jeune Werther

Le tombeau du jeune Werther de Deperthes.
Le tombeau du jeune Werther de Deperthes.

Monument de la littérature allemande signé Goethe, Les souffrances du jeune Werther a inspiré Jean-Baptiste Deperthes au milieu du XIX e siècle.

Luc Piralla-Heng Vong, un des trois commissaires de Soleils Noirs, explique à propos de ce tableau : « Ce paysage nocturne est baigné d’un clair de lune mettant en valeur une figure féminine devant une tombe. On est dans une atmosphère très romantique. Ici, on a un résumé de la fin du roman de Goethe. Au-delà du rendu du paysage, la nuit nous emmène vers l’évocation du sentiment. Vers quelque chose qui est au-delà de l’image. »

C’est cette démarche d’aller au-delà de ce que montre l’œuvre au premier degré, qui a incité les commissaires de l’exposition à faire voisiner ce tableau avec le Concetto spaziale de Lucio Fontana (lire ci-dessus). Ainsi, dans votre visite, n’hésitez jamais à demander pourquoi des œuvres sont à proximité les unes des autres. Elles dialoguent souvent de manière invisible, comme le montre dans cette vidéo Luc Piralla-Heng Vong.