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Aux sources du romantisme noir

Avant- dernier rendez-vous de notre série dédiée à l’exposition temporaire du Louvre-Lens, Soleils Noirs. Cette semaine, plongez au cœur du Mal noir avec des œuvres faisant l’aller-retour entre littérature, poésie et peinture.

Journaliste
Temps de lecture: 3 min

Couleur du deuil dans la tradition judéo-chrétienne, le noir en devient celle du sacré. Mais aussi celle de l’antithèse de dieu : le diable. Une figure de révolte puisqu’incitant l’homme à l’autodétermination. À la fin du XVIIIe siècle, ce symbole maléfique va profondément nourrir le courant romantique. Courant qui, comme son cousin allemand du Sturm und Drang, entre en réaction contre l’esprit des Lumières. Il favorise l’exaltation des sentiments, en allant jusqu’à représenter en peinture ou en littérature le tourment intérieur.

Le rejet des esprits trop parfaits va jusqu’à la fascination pour l’univers transgressif des ténèbres. Dès lors, c’est la morale religieuse qui se trouve défiée à coups de sabbats de sorcières et de représentations de Faust. Le romantisme noir est à l’œuvre, débordant de sa fertilité sur le XIXe siècle.

Macbeth et les trois sorcières

L’exposition Soleils Noirs nous donne à en croiser quelques beaux morceaux au fil de sa section Le mal noir.

La chute des anges rebelles de Jean-Marc Nattier (1882) est un condensé de cet esprit. Dans un extraordinaire enchevêtrement de corps et de visages cauchemardesques, il met en image le sixième chant du Paradis perdu, poème de John Milton.

La chute des anges rebelles, de Jean-Marc Nattier (1882).
La chute des anges rebelles, de Jean-Marc Nattier (1882).

Autre tableau vertical, à la fois tourmenté et jubilatoire dans les visages, La ronde du Sabbat de Louis Boulanger (1832).

La ronde du Sabbat, de Louis Boulanger (1832).
La ronde du Sabbat, de Louis Boulanger (1832).

Dans cette galerie d’incontournables, Le Louvre-Lens n’a pas oublié un passionnant Delacroix : Macbeth consultant les sorcières (1826).

Macbeth consultant les sorcières de Delacroix (1826).
Macbeth consultant les sorcières de Delacroix (1826).

De fait, Shakespeare a très tôt été une source d’inspiration pour le romantisme noir. En témoigne une huile sur toile de 1783 signée du Zurichois Johann Heinrich Füssli : Les trois sorcières.

Faust et Méphistophélès galopant dans la nuit du sabbat

Sur l’idée de l’éditeur Charles Motte, en 1828, le conte populaire allemand Faust est illustré par une série de lithographies signées Eugène Delacroix.

Faust et Méphistophélès galopant dans la nuit du sabbat, d’Eugène Delacroix (1828).
Faust et Méphistophélès galopant dans la nuit du sabbat, d’Eugène Delacroix (1828).

Ces dessins sur lesquels plane le noir dégagent une atmosphère pesante, faisant ressortir le tourment de Faust. Celui-ci a vendu son âme à Méphistophélès, en échange d’une nouvelle jeunesse. Auteur d’une des nombreuses versions de cette histoire, Goethe se montrera fasciné par la représentation par Delacroix, de la chevauchée de Faust en compagnie du diable, lors de la nuit de Walpurgis marquant la fin de l’hiver. Il écrira ainsi : « Il faut bien convenir que nous n’avions pas imaginé la scène avec tant de perfection (…) M.Delacroix a surpassé ma propre vision. »

Retrouvez l’intégralité de notre série sur Soleils Noirs : Épisode 1 :

Louvre-Lens : Bercés par l’éclat de quelques nocturnes [Vidéo]

Épisode 2 :

Louvre-Lens : quand le rien devient de l’art

Épisode 3 :

Louvre-Lens : Noirs éléments pour une nature noire [Vidéo]

Épisode 4 :

Louvre-Lens : le noir rédempteur au service de l’émotion [Vidéo]

Épisode 5 :

Louvre-Lens : Et si le noir n’était qu’une illusion ?

Épisode 6 :

Louvre-Lens : Et le noir devint la couleur de la noblesse