Sailly-Labourse et Annequin vent debout contre le projet d’aire des gens du voyage de la préfecture
Les deux conseils municipaux associent leurs voix contre le projet d’installation d’aire de grand passage des gens du voyage sur une parcelle située entre les deux communes. Les élus exigent le soutien de l’Agglomération contre ce projet qui s’impose à eux.


Laisser traîner les choses n’est jamais une bonne solution. Sailly-Labourse et Annequin en font l’amère expérience, à leurs dépens.
Ils reçoivent en boomerang un dossier que les exécutifs passés, de l’ancienne Artois com, puis la jeune Agglomération Béthune Bruay Artois Lys Romane, ont toujours repoussé : la question des aires d’accueil des gens du voyage.
Le 25 mars dernier, les maires de Sailly-Labourse et Annequin participent à une visioconférence avec les services de la préfecture. Là, ils apprennent, expliquent-ils, l’existence d’un projet de création d’une aire de grand passage sur une parcelle de 4 hectares. Plus exactement, sur un terrain situé à Sailly-Labourse, entre la rue de Bellenville et la départementale 941. Le projet prévoit d’accueillir jusqu’à 200 caravanes. Petit détail : cette disposition est obligatoire à l’échelle intercommunale depuis de nombreuses années. Plus précisément, depuis l’établissement du schéma départemental d’accueil des gens du voyage* établi pour 2012-2018 puis 2019-2024. Mais jamais l’aire de grand passage n’a été créée.
Aujourd’hui, la préfecture demande une mise en conformité du territoire avec la loi.
Un choix sans concertation
Pour les élus locaux, ce projet est imposé par la préfecture. « Ce choix d’implantation a été décidé sans concertation. Quand on regarde un peu, on voit que les dés sont pipés », estime le maire d’Annequin, Yves Dupont. Avec son homologue de Sailly-Labourse ils se retrouvent dos au mur.
« Notre commune n’est pas comprise dans le schéma », rappelle Dominique Hennebelle, le premier élu de Sailly-Labourse. Il poursuit : « De plus, la parcelle est déjà destinée à accueillir des projets économiques. »
Les arguments ne manquent pas pour la commune : perte d’attractivité, nuisances sonores et visuelles, baisse de la valeur immobilière de la commune, sentiment d’insécurité. Les mêmes arguments sont entendus dans la bouche du maire d’Annequin. « On a des habitations à 100 mètres de là. On perd déjà des habitants d’année en année. On étudie un projet pour pouvoir urbaniser 4 hectares de terrain. 18 logements sociaux devraient être créés. Et 49 parcelles libres seront en vente pour la construction. Si l’aire se fait, le projet tombe à l’eau. »
Demande de soutien des élus de la CABBALR
Les deux conseils municipaux sont donc vent debout contre ce projet. Ils ont déjà lancé une pétition, signée par 406 personnes. Par ailleurs, ils demandent le soutien officiel des maires de l’Agglomération, élus départementaux et régionaux. « Un soutien complet, avec des motions signées en conseil municipal, pas une tape sur l’épaule », ajoute Dominique Hennebelle. « J’en appelle aussi au président de la CABBALR. » En effet, l’Agglomération devra voter une modification du Plan local d’urbanisme (PLU) afin d’autoriser le projet. Dominique Hennebelle demande de ne pas présenter cette modification, afin de ralentir le plan de la préfecture.
« Dans cette affaire, il y a un manque de courage politique. C’est une patate chaude que les élus [de l’ancienne mandature de l’Agglomération] n’ont pas désamorcée. Le préfet a dû prendre une décision », souligne l’adjoint à l’urbanisme de Sailly-Labourse, Patrick Bellamy-Ferand.
De leur côté, les deux maires iront sensibiliser la population à la cause, jusqu’à « créer une armée de Gilets Jaunes » et aller sur le terrain. Camper sur le site pour éviter la construction de l’aire est envisagé.
Sollicitée, la préfecture n’a pour l’instant pas répondu à notre demande d’informations. *Pour rappel, les communes concernées par le schéma départemental sont : Annezin, Auchel, Barlin, Béthune, Beuvry, Bruay-la-Buissière, Calonne-Ricouart, Divion, Douvrin, Haillicourt, Hersin-Coupigny, Douvrin, Isbergues, Lillers, et Marles-les-Mines.