Sylvie Facon crée des robes hors du commun
Préraphaélite*, Steampunk* et pourquoi pas la Bonne fée de Peau d’Âne*, inspiratrice de superbes robes à ses heures perdues ? L’univers de Sylvie Facon pourrait supporter bien des étiquettes mais la vérité est que l’artiste manipule les étoffes et la dentelle comme les peintres font glisser le pinceau sur la toile, donnant vie à des œuvres invariablement uniques.



Créer une robe est donc le moyen d’expression qu’a choisi Sylvie Facon pour exprimer sa créativité. Son mannequin de couture est comme un tableau vierge sur lequel elle compose une nouvelle toile. Dentelle, organza, velours, tulle, plume, soie... Elle travaille les matières avec beaucoup de minutie et de patience.
Quand Sylvie évoque ses œuvres, c’est sans équivoque : « Je ne crée pas des vêtements, ce sont des parures » et en vérité ses parures peuvent sublimer n’importe quelle femme, elle en fait le pari. C’est ainsi qu’elle s’est spécialisée aussi dans la création de robes de mariée. Du pur sur-mesure et pour l’artiste, le processus de création : « c’est une rencontre. Un dialogue avec le modèle, son âme, son physique ». Le résultat donne une robe de mariée vraiment personnelle.
Un lieu propice à la création
Son atelier, a lui seul, constitue un écrin parfait pour stimuler sa créativité. Une maison de maître à l’authenticité préservée, avec quelques améliorations discrètes pour travailler confortablement. Une grande pièce qui se termine sur une véranda de style ancien, qui donne vue sur un jardin et, posé nonchalamment sur un coussin de velours, un chat magnifique qui embrasse la pièce d’un regard bienveillant.
Découvrir les robes de Sylvie Facon dans ce décor n’a rien d’incongru, à vrai dire tout concorde parfaitement. La créatrice a commencé l’aventure il y a près de trente ans. Elle était travailleuse sociale à l’époque et créait à ses heures perdues, sans école, sans technique, mais armée d’une formidable patience.
Des heures de pratique lui ont permis d’aborder différentes techniques, les unes après les autres. Elle a d’abord créé des bustiers puis l’assemblage des étoffes a pris de plus en plus d’ampleur jusqu’à devenir une robe. Sylvie s’est créé un univers inspiré de tout ce qu’elle aime et qui constitue sa personnalité : la peinture, la nature, la littérature, l’architecture et le patrimoine de sa ville natale : Arras. L’ensemble est restitué par l’assemblage de différentes matières : étoffes, dentelle, papier, bois, cuir, pièces de broderie, tapisseries… autant de matériaux et de techniques, que d’idées.
Le tournant
Depuis quelques années, Sylvie a réussi le pari de vivre de son art, se partageant entre ses robes de commande et ses robes de création. Le virage a eu lieu en 2017 quand elle crée la « robe livre », inspirée par le décor de La Grand Librairie d’Arras (librairie Brunet fondée en 1860). D’autres inspirations liées à Arras vont suivre leur cours : la robe Verlaine, la robe au bleu d’Arras… Dans le même temps, une autre rencontre fut déterminante : Laurent Bracq, président de l’entreprise Jean-Bracq Dentelles de Calais-Caudry. L’artiste et l’industriel ont scellé leur partenariat et Sylvie peut puiser à volonté dans les créations de dentelle estampillées haute couture, suivant ses envies.
L’artiste a aussi eu l’idée géniale de s’entourer d’une tribu de filles. Ses muses, comme elle les appelle. Sept jeunes Arrageoises au physique avantageux, portent ses créations et les subliment. Les jeunes femmes sont mises en scène dans le décor qui convient à chaque robe et les photos diffusées sur Instagram (@sylviefaconcréatricefrance).
Ces photos complètent les expositions et les défilés et aujourd’hui, les robes de Sylvie Facon sont connues dans le monde entier. Actuellement, elle expose ses robes au Musée de la dentelle de Chantilly jusqu’au 18 avril 2021.
Lexique
*Préraphaélite : mouvement artistique né au XIXe siècle en Angleterre qui tient la peinture des maîtres italiens du XVe siècle, prédécesseurs du peintre Raphaël, comme le modèle à imiter. Les préraphaélites avaient pour dessein de retourner à une forme pure de l’art pictural en privilégiant la couleur, l’esthétisme et une propension à l’hyperréalisme.
*Steampunk : un univers rétro-futuriste qui utilise les codes vestimentaires et de la déco de l’ère industrielle du XIXe siècle. Une Uchronie, où des éléments futuristes et issus du passé se mélangent pour créer un univers imaginaire volontairement inclassable.
*Peau d’Âne : film de Jacques Demy sorti en 1970. Avant de revêtir la peau d’un âne mort, la princesse, sur les conseils de sa marraine la Bonne Fée, demande à son père, le roi, de faire fabriquer des robes couleur de ciel, de lune, puis de soleil vraiment splendides.
Instagram @sylviefaconcréatricefrance