Auguste Mariette vous connaissez ?
À Boulogne-sur-Mer cette année, on célèbre le bicentenaire de la naissance de François Auguste Ferdinand Mariette. Considéré aujourd’hui comme le père fondateur avec Jean-François Champollion de la science de l’Égyptologie, il a littéralement forgé son destin.


C’est la momie d’un égyptien inconnu exposée au musée de Boulogne-sur-Mer qui va déclencher l’extraordinaire destin du jeune Auguste Mariette. À l’époque, il a tout juste 20 ans et n’est qu’un modeste enseignant qui s’est mis en tête de vouloir déchiffrer les hiéroglyphes qui figurent sur le sarcophage de la momie.
Il se procure alors le Précis du système hiéroglyphique des anciens Egyptiens de Champollion et s’initie à la lecture des hiéroglyphes. Il se forme tout seul et une fois rodé au langage, il décroche un petit poste au Louvre où il sera très mal payé. En 1849, il est nommé auxiliaire à la conservation des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre.
Des fouilles sauvages en Egypte
En 1850, le ministère de l’Instruction publique lui confie une première mission en Égypte, où il doit faire l’acquisition de manuscrits coptes et syriaques. Il n’y parvient pas mais qu’à cela ne tienne, il ne veut pas rentrer les mains vides.
Il ne connait rien aux méthodes de fouilles archéologiques mais cela ne l’empêche pas d’utiliser les fonds qui lui ont été alloués pour entreprendre des fouilles dans la nécropole de Saqqarah où il met au jour le Serapeum de Memphis (une tombe souterraine longue de 250 mètres), nécropole des taureaux sacrés Apis.
Comme tout néophyte, il commettra de nombreuses erreurs mais apprendra aussi à en tirer de solides enseignements.
Ces découvertes et les nombreux objets archéologiques que Mariette dépose au musée du Louvre – en particulier le fameux Scribe accroupi lui vaut d’être nommé conservateur-adjoint des Antiquités égyptiennes au Louvre.
Il retourne en Égypte en 1857. il est alors âgé de 37 ans. Il conduit de nouvelles fouilles à Gizeh, Saqqara, Thèbes, Edfou, Abydos et dans l’île Éléphantine, entre autres. Il a surtout à coeur de vouloir protéger toutes ses merveilles de la cupidité humaine.
Des rencontres influentes
Ferdinand de Lesseps, diplomate et principal promoteur du canal de Suez, lui permet d’entrer en contact avec le vice-roi d’Egypte, le Pacha Saïd et Auguste Mariette va créer le service des antiquités de l’Egypte qui deviendra par la suite l’actuel Musée égyptien du Caire. Saïd Pacha l’en nomme directeur le 1er juin 1858.
En 1860, il découvre le temple d’Edfou qu’il fait désensabler. Il publie le compte-rendu de ses trouvailles dans la Revue archéologique.
L’Exposition universelle de 1867 et l’exposition égyptienne de 1878 lui permettent de produire à Paris et en Europe le résultat de ses considérables travaux.
On lui doit d’importantes fouilles qui ont mis à jour quelques-unes des plus grandes œuvres d’art de l’Egypte ancienne. Il a fouillé quelque 300 tombes, dégagé de nombreux sites en Egypte et en Nubie, et retrouvé environ 15 000 objets.
À Boulogne on érige une statue
Cet Égyptologue passionné meurt en 1881, victime de son diabète et est enterré au Caire, près du musée qu’il a créé.
En 1882, dans sa ville natale, on érige en son honneur une statue monumentale de 3,8 m de haut et pesant 1 tonne, en bronze. Elle est réalisée par Henri-Alfred Jacquemart (1823-1896). Pendant 139 ans, la statue ne bougera pas de son piédestal pyramidal, jusqu’en 2021 où elle part se refaire une beauté...
200 ans, ça se fête !
La statue est partie depuis quatre mois mais en réalité la phase de restauration n’aura duré que cinq jours. « C’est toute une logistique de déplacer un monument et de le placer dans les conditions idéales de restauration », explique Julien Championnet, adjoint à la culture à la ville de Boulogne.
La restauration de la statue d’Auguste Mariette «Pacha» est la première étape d’un hommage que la ville cherche à rendre au célèbre égyptologue, en tenant compte des contraintes sanitaires. « Nous célébrerons ce bicentenaire de façon à ce qu’il soit perceptible dans la ville et dans l’espace muséal, développe l’adjoint. Nous puiserons dans l’histoire de son parcours et les collections du musée, de façon à rendre le personnage accessible à tous les Boulonnais. »
Entre les mains expertes des restaurateurs de monuments historiques, elle vient de retrouver tout son éclat et vient de regagner sa pyramide sur l’esplanade Mariette ou un splendide jardin d’agrément va être crée autour d’elle.