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Des agressions en hausse à l’encontre des sapeurs-pompiers

Nos secours font de plus en plus l’objet d’attaques verbales et physiques, une proposition de loi a été adoptée par le sénat le 6 mars. Le même jour à Boulogne-sur-Mer, une nouvelle affaire d’agression à l’encontre des soldats du feu était jugée

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Mercredi 6 mars, un sapeur-pompier professionnel de Boulogne-sur-Mer se tient devant la présidente du tribunal de grande instance. Soutenu par sa hiérarchie et par le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis 62), il porte plainte suite à une agression verbale et des menaces de représailles à son encontre et à celle de son équipe… (lire ci-dessous).

Une affaire jugée devant le TGI de Boulogne alors que le même jour, le Sénat adoptait à main levée une proposition de loi émanant de l’élu Patrick Kanner (Nord), visant à renforcer la sécurité des sapeurs-pompiers, notamment en favorisant l’anonymat des témoins d’agressions de ce genre.

Depuis quelques années déjà, les syndicats réagissent et dénoncent des violences en hausse dans toute la France. Unsa, Sud ont transmis des communiqués, organisé des manifestations. Le Syndicat national (SNSPP-PATS), lui, réclame depuis longtemps un Grenelle de la sécurité pour pouvoir confronter les difficultés des acteurs concernés par cette violence sur le terrain, pas seulement les pompiers mais aussi les policiers, gendarmes, travailleurs sociaux, élus…

Des chiffres à relativiser pour le Boulonnais

Après des faits graves survenus dans la capitale et qui ont endeuillé à plusieurs reprises le corps des sapeurs-pompiers, les médias se sont peu à peu emparés du sujet, encore cette semaine.

Mais qu’en est-il réellement au sein du Sdis 62 ? Et à Boulogne-sur-Mer ? Le Sdis répond : « Nous avons de la chance car nous sommes moins impactés que dans d’autres Sdis », assure le Lieutenant Delbey à la communication. Il s’appuie sur des chiffres : 21 dépôts de plaintes pour violences physiques, 8 pour agressions verbales en 2017 ; 26 dépôts de plainte pour agression physique et 11 pour agression verbale en 2018.

Et pour Boulogne, on ne compte que quatre dépôts en 2018 (deux pour agression physique, deux pour agression verbale), rien en 2017.

Rien de comparable, certes, avec les chiffres des grandes métropoles. Mais ils augmentent tout de même.

Systématiquement, le Sdis dépose plainte et propose au(x) pompier(s) concerné(s) l’accompagnement du service juridique. D’autre part, des formations sont accordées aux chefs d’agrès pour anticiper et savoir gérer les débordements sur intervention.

Ces violences sont mal vécues par les soldats du feu. Comme l’expliquait un pompier agressé dans les colonnes de La Semaine dans le Boulonnais en juin 2018 : « Ce métier, nous le faisons pour aider les gens, les secourir, pas pour se faire agresser… » Des propos répétés en d’autres termes par le sapeur-pompier passé devant le tribunal le 6 mars dernier. Ce dernier a ajouté : « On essaye de porter secours de la meilleure des façons. (…) On ne souhaite pas la banalisation de ce genre de faits. Je suis sapeur-pompier depuis 10 ans et c’est la première fois que je me retrouve au tribunal pour évoquer des violences à mon encontre », a-t-il souligné, encore décontenancé et inquiet pour l’avenir de la profession.

Si la violence liée à la haine de l’uniforme se banalise, celle que l’on voit émerger à Boulogne est différente. Elle découle souvent de faits liés à l’alcool, l’affaire du 6 mars le confirme encore.