Rezak, le chef de la Route des épices, cuisine en direct et cartonne sur le web
Chez lui, en direct de sa cuisine, le restaurateur calaisien Rezak Amirouche réalise des recettes à faire en même temps que lui. Chaleureux, drôle, décontracté : un vrai bonheur.


Rezak Amirouche le dit d’emblée, ses cours de cuisine en live sur Facebook sont nés d’une plaisanterie avec Katia, son épouse. « Finalement, on s’est dit – « pourquoi pas ? » –, pour rigoler. Parce que c’est vrai qu’on s’ennuie tous, avec ce confinement… Il y a le jardin à faire, etc., mais on a besoin d’occupation. On s’est lancé comme ça, et on a vraiment été surpris par le nombre de vues. On ne se prend pas au sérieux, on s’amuse à le faire, et tant mieux si on peut tous penser à autre chose qu’au coronavirus pendant ce temps-là… »
« Il ne faut pas s’attendre à du Cyril Lignac, hein ! On n’a pas le même budget. »
Les vidéos de Rezak sont interactives. Katia relaie les questions des spectateurs auquel le chef répond tout en cuisinant. Et ça va même plus loin : « Des gens nous envoient des photos de ce qu’ils ont fait en suivant le live. Ça fait vraiment plaisir. » L’enthousiasme de Rezak crève l’écran : il explique, conseille, il en renverse sur le plan de travail, il est interrompu (c’est la loi du télétravail) par Elias, son fils, qui a quatre ans : « C’est marrant, parce que d’habitude il ne vient jamais dans la cuisine » s’amuse le chef de la Route des Épices, son restaurant, situé rue de Jean de Vienne.
Cette décontraction, ce côté totalement « à la maison », c’est ce qui rend si sympathiques les vidéos de Rezak, réalisées par Katia munie d’un simple téléphone : « Il ne faut pas s’attendre à du Cyril Lignac, hein ! On n’a pas le même budget. »
La première vidéo de Rezak montrait comment réussir des lasagnes, plat familial par excellence, avec une pâte faite maison. Le mercredi d’après, velouté de potimarron et vendredi dernier, purée de céleri à la vanille (le curcuma fait l’affaire) et poire pochée aux épices. « Je choisis des recettes pas compliquées et surtout avec des ingrédients que les gens ont chez eux, ou qu’ils pourront se procurer au magasin. Sinon ça n’aurait pas d’intérêt. Je sais bien que tout le monde n’a pas d’agar-agar chez lui. Ma femme et moi on vient justement de mettre en ligne les ingrédients des recettes à venir. Comme ça, les gens peuvent s’organiser. Si on peut, c’est mieux de faire ses courses une seule fois par semaine, pour respecter le confinement. »
« Un copain m’a dit : «Tu vas devenir youtubeur ». J’ai dit «C’est quoi youtubeur ?» »
Les vidéos de Rezak dépassent les 2 000 vues (ses lasagnes approchent même les 4 000). Un succès qui étonne le chef lui-même : « Au début avec Katia, on pensait que seulement les clients habitués du restaurant regarderaient. Mais là, on est quand même surpris. Grâce aux partages, on a été regardés par des gens en Algérie, en Russie et aux États-Unis. Ça fait plaisir… Un copain m’a dit : « Tu vas devenir youtubeur ». J’ai dit « C’est quoi youtubeur ? »… »
Car Rezak le dit tout de suite, sa carrière de cuisinier en ligne ne durera pas plus longtemps que le confinement : « Ma vraie place, elle est quand même au restaurant. Et on a hâte de revoir nos clients ! » dit le chef, avec un sourire dans la voix.