Franck Thilliez : 1991, l’année où tout a commencé
C’est demain matin que les fans de Franck Thilliez et de Franck Sharko pourront se ruer dans les librairies. En attendant, découvrez dans cet avant-dernier épisode de notre série dédiée à l’auteur artésien, pourquoi l’année 1991 donne son titre à son prochain thriller.


Pourquoi ? Mais pourquoi diable 1991 est-elle l’année retenue par Franck Thilliez pour en faire celle de l’entrée de Sharko au sein de la PJ parisienne ?
À cause de sa passion pour les jeux de l’esprit et les palindromes, dont il est tellement friand ? « C’est vrai que 1991 se lit dans les deux sens. », s’amuse Franck Thilliez. Celui-ci a poussé le bouchon jusqu’à s’assurer que cette année-là fut le seul palindrome du XXe siècle.
La vraie raison est pourtant ailleurs. Afin de déterminer l’année où tout a commencé, l’auteur a mené l’enquête dans…ses propres livres.
Il explique : « J’ai recalculé le parcours de Sharko en parcourant tous mes romans. Entre Train d’enfer pour Ange rouge et Luca, il y a plein de choses disséminées. Par exemple, quand je dis combien il a d’années de police criminelle… Donc j’ai dû rassembler toutes les données, pour me dire précisément vers quelle date Sharko venait d’arriver à la Crim' de Paris. Ça aurait pu être 1990 ou 1992. »
Les 30 ans de Sharko
Ça aurait pu être 1990 ou 1992, nous dit-il… Alors pourquoi 1991 ? Juste pour le plaisir de couper la poire en deux ?
Chez Franck Thilliez, les choses sont toujours un peu plus subtiles que cela. « J’ai choisi 1991 parce que c’était les 30 ans de Sharko. Un chiffre rond, ça parle à tout le monde. » Et puis, comme cet homme a la dramaturgie dans le sang, il réalise très vite le potentiel pour sa narration du début des années 1990 et de 1991 en particulier. « Dans le milieu policier, 1991-1992 sont de superbes années. Des années transitoires dans la manière de travailler, avec l’arrivée des ordinateurs. Je dis dans le roman qu’ils sont en train d’être sortis des cartons. C’est presque ça. Avec l’informatisation de la police, on en est aux balbutiements de l’ADN. On commence légèrement à l’utiliser dans les enquêtes. »
« 1991 est une année charnière »
Franck Thilliez poursuit, de l’enthousiasme dans la voix : « En fait, il y a plein de choses où c’était très intéressant pour moi, parce que je pouvais encore utiliser la police d’avant, en disant : c’est en train de muter, de basculer vers le fonctionnement qu’on connaît aujourd’hui. Avec tout ce que ça implique. Avec ceux qui veulent rester avec leurs anciennes méthodes et les nouveaux. Donc 1991 est une année charnière. »
« L’année de mes 18 ans »
Année charnière, 1991 l’est aussi dans la biographie de Franck Thilliez.
Acceptant la confidence, il glisse : « C’est l’année de mes 18 ans. L’année où j’ai quitté le cocon familial. C’est un peu une rupture avec l’adolescence. C’est un sentiment de liberté, de prendre son envol, se gérer soi-même. Donc à titre personnel, c’est les meilleures années. »
Or, qui dit meilleures années, dit souvenirs. Les bons comme les plus tristes. « En 1991, deux disparitions m’ont marqué. Gainsbourg. Depuis tout jeune, j’entendais ses chansons à la maison. Donc sa mort a été très marquante. Et puis Freddy Mercury. Moi, Queen, ça fait partie de mes groupes cultes. »
« J’ai découvert l’univers des tueurs en série »
Parmi ces épisodes, certains ont creusé un sillon invisible. « Je ne le savais pas à l’époque, mais Le Silence des agneaux, qui est sorti en 1991, m’a beaucoup marqué. Je n’avais jamais vu un film pareil. C’est rigolo, parce que je ne voulais pas aller le voir. Je trouvais que le titre ne marchait pas. Je suis allé le voir avec un copain, en ne m’attendant pas à ce que c’était. Quand je suis sorti de la séance de cinéma, je me suis dit que c’était le meilleur film que j’avais vu de ma vie. C’est celui qui m’a fait le plus peur. Je me suis dit que c’était un truc de fou. C’est là où j’ai découvert l’univers des tueurs en série. »
Sur un plan plus léger, 1991 a constitué pour Franck Thilliez le début des années étudiantes. « Les meilleures. C’était beaucoup de travail. Mais en même temps, la liberté, les copains… »
Et vous, en 1991, que faisiez-vous ?