VIDEO. Avec sa nouvelle exposition temporaire, le Louvre-Lens explore l’exil sous toutes ses formes à travers l’histoire


Plus de 200 œuvres ont été soigneusement placées au sein de la nouvelle exposition temporaire du musée du Louvre-Lens. 200 œuvres qui nous parlent d’un même sentiment : l’exil.
« Exils, regards d’artistes » évoque le sentiment qui peut être à la fois déchirant – être loin de ses proches, de sa patrie, de ses habitudes – mais aussi stimulant en obligeant un nouveau départ, de nouvelles opportunités pour tendre à une vie meilleure et à de nouvelles expériences artistiques.
C’est toute cette ambiguïté qu’a voulu exprimer Dominique de Font-Réaulx, conseillère générale du patrimoine, chargée de mission auprès de la présidente-directrice du Louvre à Paris, membre du conseil d’administration du Louvre-Lens et commissaire de l’exposition. Un projet d’abord « personnel », avoue-t-elle. « C’est un projet sur lequel j’ai réfléchi depuis assez longtemps, qui est né de deux éléments qui se sont entrecroisés : l’un qui est ma longue fréquentation avec le peintre Gustave Courbet sur lequel je travaille depuis maintenant plusieurs décennies et ce rapport aux textes fondateurs, que ce soit des textes littéraires comme l’Odyssée ou comme l’Énéide, mais aussi comme les très belles pages, les très belles suppliques d’Ovide quand il est exilé aux confins du monde connu, comme aussi des textes de la Bible notamment ou du Râmâyana. »
Un projet qui s’est construit avec le soutien de l’ancienne directrice du Louvre-Lens, Marie Lavandier, et de Laurence des Cars, présidente-directrice du musée du Louvre. « C’est une exposition qui est de tous les temps de l’humanité puisque l’œuvre la plus ancienne date de – 2000 ans avant J.-C. et l’œuvre la plus récente a seulement quelques semaines. On retrouve aussi toutes les géographies, les cinq continents », complète la directrice du Louvre-Lens, Annabelle Ténèze.
Les Hommes ont toujours connu l’exil
La déambulation commence par l’œuvre de Richard Baquié, « Nulle part est un endroit », où l’artiste évoque le fait qu’il n’y a pas d’ici, ni de là-bas ; pas d’ailleurs, ni d’endroit stable. De plus, l’exposition a été pensée comme un éternel retour : en plein centre trône un mobilier rond où l’on peut s’asseoir, lire des ouvrages sur toutes les formes d’exils et apercevoir simultanément toutes les pièces de l’exposition, entre art ancien et art contemporain. Une scénographie réalisée par l’Atelier Maciej Fiszer qui nous fait voir l’espace différemment, selon des thématiques : le départ, le déplacement, la complexité de l’arrivée, le déracinement, la rencontre et l’accueil.


On comprend aussi que le monde a toujours connu l’exil : d’Adam et Eve chassés du paradis, au déluge et l’arche de Noé, en passant par l’Iliade d’Homère et aux problématiques d’aujourd’hui, avec les guerres. Des photographies évoquent notamment l’ancienne jungle de Calais et nous rappellent que, chaque jour, des personnes se mettent en danger pour trouver une vie meilleure à quelques pas de chez nous. Même si l’exil n’est pas toujours noir : « Victor Hugo n’a jamais été aussi productif qu’en exil », rappelle la commissaire.



Par ailleurs, çà et là sont disposés des affaires, des sacs, des valises, qui rappellent le difficile choix de ce qu’on emporte quand on doit partir pour toujours et ce qu’on laisse.
Un trésor national exposé
Durant la déambulation, le public pourra admirer des œuvres d’artistes renommés comme Courbet, Picasso, Jeanne Delacroix ou encore le peintre Yan Pei-Ming, artiste chinois installé en France, mais aussi des moins connus.


Un chef-d’œuvre est notamment à découvrir : Marine Terrace de Victor Hugo. « C’est un dessin qui a été classé trésor national par le ministère de la Culture et qui a été acquis au titre des trésors nationaux par le musée du Louvre grâce au soutien de la Société des Amis du Louvre », tient à souligner la directrice.
Un lien avec le Bassin minier
On retiendra également un endroit en particulier : celui de la collecte d’objets. Ce projet a été réalisé par dix étudiants de l’École du Louvre. À l’aide d’associations du territoire, ces derniers ont contacté des personnes issues d’immigration de première, deuxième ou troisième génération et qui vivent dans le Bassin Minier. Les étudiants leur ont ainsi demandé d’exposer des objets qui pourraient symboliser l’exil de leurs familles et qui signifient quelque chose pour eux, qui leur rappellent d’où ils viennent. On entrevoit ainsi un bracelet, des broderies, de la vaisselle, mais aussi des maillots de football qui, pour certains, évoquent un rêve à atteindre !