Le 14 juillet, le lion d’Arras a fait une descente spectaculaire sur la place des Héros


Dès 6h du matin, la Place des Héros, la Place de la Vacquerie et tous les abords du beffroi ont été bouclés à la circulation automobile et piétonne, transformant le cœur de la ville en véritable sanctuaire. Rideaux baissés, terrasses désertées, atmosphère silencieuse… Une scène presque irréelle, rappelant les rues vides du confinement de 2020. Pourtant, la raison était tout autre en ce 14 juillet 2025.
Une ville figée pour un instant historique
À 9h, l’animation reprend: les premiers vrombissements de l’hélicoptère captent les regards. Sur la Grand-Place, un écran géant retransmet la descente en direct, permettant au public d’assister à cette manœuvre rare et spectaculaire. Le lion, sculpture monumentale de 3 mètres de haut (5,30 m avec sa lance), hissée en août 1929, pèse plus de 200 kg. Pour le retirer sans l’endommager, un long travail de préparation a été nécessaire.
Le jour J, un briefing complet est effectué avec le pilote et les équipes. Trois cordistes étaient mobilisés sur le beffroi, tandis qu’au sol, neuf personnes, dont les artisans de SOCRA, attendaient la réception. «On a l’habitude de travailler sur des monuments historiques, on est intervenus sur Notre-Dame de Paris, mais utiliser un hélicoptère en milieu urbain reste exceptionnel. Il y avait une tension particulière», confie Kévin Dessons. «Une fois le lion au sol, c’est le devoir accompli. Une dose de stress en moins.»
À 11h, après le départ de l’hélicoptère, la place est de nouveau ouverte aux piétons. De nombreux curieux accourent pour voir le roi de bronze au sol. Les réactions sont nombreuses et chargées d’émotion. «Quand le lion a été décroché, tout le monde a applaudi. On sent que cette figure compte pour les Arrageois», note Kévin Dessons.
Une restauration bien méritée
Bien qu’une reprise des dorures eût été entreprise sur le lion toujours en place, il y a une vingtaine d’années, les ouvrages du temps, du vent et de la pluie ont laissé des traces visibles. Une restauration complète est donc prévue, prise en charge par une entreprise spécialisée dans la conservation du patrimoine monumental, connue notamment pour la restauration des statues de la flèche de Notre-Dame de Paris.
À 18h, le lion a officiellement quitté Arras pour un voyage de 18 mois en Dordogne, dans les ateliers de SOCRA où il sera expertisé pour définir l’ampleur des travaux, estimés à 150 000 euros. Mais on sait déjà qu’à l’issue, le lion d’Arras retrouvera sa queue, une dorure flamboyante et une seconde jeunesse, à l’aube de son centenaire.