Présenter les mérites du Pas-de-Calais tout en se détachant des clichés. Un crédo auquel le rappeur Rask, petit-fils de mineurs du Bruaysis, met un véritable point d’honneur. Dans sa musique, les textes retracent l’histoire du bassin minier tout en décrivant la vie des habitants d’avant et d’aujourd’hui. L’artiste arrageois met également l’accent sur l’aspect visuel et esthétique de ses clips. Des terrils de Loos-en-Gohelle au stade Bollaert-Delelis en passant par le Louvre-Lens, tous les lieux emblématiques à proximité d’Arras sont sublimés par des vidéos qui illustrent la richesse du patrimoine régional.
Des débuts prometteurs
L’aventure de Rask débute en 2007. Elle découle d’une scolarité en dent de scie, annonciatrice d’un parcours singulier. Il oscille d’un établissement à l’autre cherchant à trouver sa voie, mais au fond, il le sait, l’école ce n’est pas fait pour lui. « Je voulais faire autre chose, en cours j’étais à côté de la plaque, je voulais réussir autrement » explique Rask. Et c’est par ce chemin sinueux que l’Arrageois rencontre ceux qui l’accompagneront dans la musique, notamment Talib, un adepte du micro avec qui il fondera son premier label, Universal Dream. « C’était de belles années avec ce côté challenge constant qui aide à progresser » précise le rappeur. Un défi qu’il prend à bras le corps pour embrasser un début de carrière prometteur grâce à son parti pris, défendre les couleurs du Pas-de-Calais. Paris l’accueille et dans les caves de Malakoff, il enregistre son premier EP « Ma Vision », un disque où il enchaîne les featurings avec plusieurs rappeurs parisiens dont Sultan, Shetan, Nill Ness…
Un sujet de fond inexploré
Son expérience dans la capitale lui sert de tremplin pour se lancer dans des projets plus ambitieux. Rask se démarque dans le rap grâce à la thématique qui constitue l’essence de ses morceaux, celle du bassin minier. « Ça fait partie de moi. Chez mes grand-parents à Bruay-la-Buissière, je jouais au ballon dans les corons » confie le rappeur. Un sujet qui détonne avec ceux des cités, de l’argent ou de la drogue. L’axe particulier des corons lui permet de créer un détachement certain avec le genre. « Je voulais être le porte-parole du 62 , le 59 avait déjà ses prétendants ». Une patte authentique qui contribue à écrire l’histoire de la région sans s’affilier à une image tronquée des gens du nord. En 2012, un label produit son premier album « Des Terres Minées » qui sera diffusé nationalement.
Retour sur le devant de la scène
Malgré la hype provoquée par le premier album, l’élan s’essouffle. Rask, de nature avant-gardiste, s’essaye à de nouvelles choses dans la musique. Mais la fougue et les valeurs qui l’ont propulsé sous les projecteurs sont absentes de ses textes. Les relations compliquées avec son label de l’époque le poussent à faire une pause dans sa carrière. Une interruption de plusieurs années que le rappeur prend comme une vraie leçon de vie. « Je vivais bien mais il me manquait quelque chose et je ne pouvais plus faire semblant. Je m’étais perdu » livre Rask. Dès lors, il retourne à Arras et revient sur ce qui a fait son succès, parler de son territoire. En 2019 c’est le déclic. L’artiste est invité à faire la première partie de Black M lors des Grandes Prairies. Les 30 000 spectateurs lui offrent un accueil mémorable, flattés par sa chanson « Chez moi », un titre dont le refrain reprend celui des « Corons ».
Un prochain EP
Pour repartir du bon pied, c’est une nouvelle équipe qu’il a fallu composer. Rask est aujourd’hui associé à Rim’s, un producteur lillois ayant travaillé pour des grands noms du rap français. Parmi eux : Booba, Gradur, Ninho, MHD, Koba la D, Zkr, Kalash Criminel, Niro ou encore Maître Gims. Le duo fonde en 2021 le label indépendant Nordside Records d’où sortent tous les derniers morceaux du rappeur, accompagnés de leurs clips tournés dans la région d’Arras. Et c’est grâce aux efforts de toute une brigade bienveillante que la conception des vidéos peut se targuer d’un réel esthétisme, d’une direction artistique hors pair et d’invités inattendus comme le joueur de RC Lens Florian Sotoca. L’artiste arrageois, désormais bien lancé, prévoit la sortie de son prochain EP pour début 2022 nommé « Équilibre ». Un ensemble de sept titres dont de nombreux inédits. De nouveaux clips sont également programmés, tournés en dehors du bassin minier afin d’illustrer les autres trésors régionaux dont le Cap Blanc Nez pour le futur morceaux « Je tourne en rond ».
LES GOÛTS DE RASK
Quelles sont tes inspirations dans la musique ?
Sexion d’assaut car ils diffusent un message large. J’aime aussi l’aspect groupe, l’aspect collectif. Sinon Orelsan, Damso, Drake ou G-Eazy.
Le meilleur endroit pour écrire des textes ?
Chez moi, dans mon studio. J’aime aussi écrire quand je suis dans un bus ou dans un train. J’écoute de la musique et je m’immerge dans un monde où l’instru me porte tout comme les situations que je peux observer.
Ce que tu aimes dans le rap ?
Le côté festif et chanté. Mais aussi le fait de pouvoir exprimer sa colère, ses émotions.
Un conseil pour ceux qui veulent se lancer dans le rap ?
Croire en soi malgré les difficultés, garder son âme d’enfant et être ambitieux. Il faut bosser, s’écouter, analyser, être rigoureux.
Quel est ton meilleur concert en tant que spectateur ?
Le concert de Travis Scott.
Le dernier album que tu as acheté ?
« La fête est finie » d’Orelsan.
Un son que tu écoutes en boucle en ce moment ?
« Butterfly Effect » de Travis Scott.
Un endroit où tu aimes te ressourcer ?
L’été au Touquet sinon à Arras. J’y ai tellement traîné, là-bas je m’y sens bien, c’est chez moi.