Armentières, un patrimoine insoupçonné
Considérée comme l’un des poumons verts de la métropole lilloise, Armentières est également un lieu marqué par son héritage industriel et par son histoire liée à la Grande Guerre.


Collé à la Belgique et intégré à la Métropole européenne de Lille, Armentières est un ancien fleuron de l’industrie textile. Outre ses qualités notoires en termes de cadre de vie (Près du Hem et rivière de la Lys), la commune a connu dès le début du XXème siècle un développement industriel prospère dont les vestiges parsèment les quartiers de la ville. Les anciens sites de production sont aujourd’hui sujets à plusieurs réhabilitations. De nombreux projets, portés par la mairie, font renaître ces usines historiques, laissées pour la plupart à l’abandon, grâce à la création de logements, de commerces ou d’équipements sportifs et de loisirs.
Une brasserie historique
Véritable institution, la brasserie-malterie Motte-Cordonnier, anciennement brasserie de l’Étoile, est l’un des piliers de l’industrie armentiéroise. Détruite lors de la Première Guerre mondiale, l’entreprise déménage dans de nouveaux bâtiments en 1923. C’est un immense château industriel de style néo-classique qui voit le jour, bâti le long de la Lys sur près de 8 hectares. Une ville dans la ville aujourd’hui classée monument historique. Le vaste complexe connaît son apogée dans les années 50 mais en 1970, face à la concurrence du marché, la brasserie Motte-Cordonnier peine à tenir. Elle est rachetée la même année par le géant Stella Artois qui arrête le brassage dès 1993 en raison du manque de place pour produire les quantitées exigées par la firme.
Une seconde vie
Avec la disparition en 2018 de Bertrand Motte, dernier brasseur de l’entreprise, l’héritage familial est voué à disparaître. Mais en 2019, un projet d’envergure porté par le Groupe MAES Architectes Urbanistes permet de réhabiliter la brasserie Motte-Cordonnier. Henry Motte, aîné de la 10ème génération, décide alors de relancer l’enseigne dans la ruche d’entreprise d’Armentières, à quelques centaines de mètres de la brasserie d’origine. L’ancien château industriel est aujourd’hui en cours de reconversion pour devenir un pôle consacré au loisirs, « Euraloisirs ». Il comprendra des logements et des commerces que Motte-Cordonnier compte intégrer dès 2023.
Les demoiselles d’Armentières, héroïnes de guerre
Si l’industrie a marqué l’histoire et le développement d’Armentières, les grands conflits ont aussi laissé des traces. Dans ce théâtre hostile, plusieurs femmes ont marqué la mémoire des Armentiérois par leurs actions et leur courage.
Mademoiselle from Armentières
Interprétée par Line Renaud dans les années 50, la célèbre chanson « Mademoiselle from Armentières » tire son origine de la Grande Guerre. En 1914, les forces armées britanniques tiennent la ville lors de la bataille d’Armentières. Durant cette période, Marie Lecocq, 19 ans, est serveuse dans un café rue de la Gare. Un jour, en plein service, elle gifle un soldat un peu trop familier. Un officier anglais témoin de la scène s’en inspire et écrit « Mademoiselle from Armentières ». La chanson qui connaît très vite un immense succès est chantée jusque dans les tranchées. Marie Lecocq devient ainsi la femme à conquérir et un symbole d’espoir et de courage pour les soldats dans ce conflit sans fin. À Armentières, deux statues lui rendent hommage, dans le cimetière et dans la cour de l'hôpital.
La Demoiselle d’Australie
Lors de la Première Guerre mondiale, la famille Verbeque accueille un poste de commandement dans son foyer rue des Jésuites. Bernadette Verbeque tombe alors amoureuse d’un sergent australien nommé Bert Byrne. À la fin du conflit, le couple s’envole pour l’Australie et se marie à Melbourne en 1920. Celle que l’on appelle la « Demoiselle d’Australie » possède un monument à son effigie dans la cour de la maison Debosque. Une œuvre de Christine Canetti, hommage aux femmes d’Armentières pendant la guerre.
Dans la postérité
Au détour de la rue Jean Jaurès se trouve la maison des frères Mahieu, une ancienne entreprise de filature et de tissage. Dans sa cour, l’un des seuls monuments aux morts privés de la région prend place. Il rend hommage à Auguste et Michel Mahieu, deux héros de la Grande Guerre. Cet édifice est une commande de Marie-Louise Mahieu, mère des deux soldats défunts. Elle décide après guerre de vendre la société familiale pour en faire une maison d’Assistance Sociale rebaptisée la Goutte de lait. Le lieu accueille aujourd’hui l’Unité Territoriale de Prévention et d'Action Sociale.