Calais : les bijoux locaux et écolos ont-ils la cote ? Rencontre avec celles qui veulent faire bouger les choses

Le bijou a tellement de signification. Un cadeau, un porte-chance, la finalité d’une tenue… Il a assurément plus de sens quand il est acheté en conscience.
À Calais, comme partout ailleurs, il ne manque pas de créateurs locaux. L’association Made in Calais regroupe une vingtaine d’artisans et d’artistes et cinq en sont des créateurs de bijoux et accessoires.
Pour Félicie Colin : « J’ai eu une prise de conscience très tôt. Car il faut l’avouer, je fais un métier très polluant. » Cela fait dix ans que Félicie Colin est bijoutière, au départ installée à Paris, elle rejoint par la suite le Pas-de-Calais et intègre l’association Made in Calais. « J’ai décidé de vraiment mêler l’artisanat et l’art. Mes bijoux sont des pièces qui racontent une histoire. Je n’aime pas les bijoux linéaires, sans défaut… J’aime le brut, voire le très brut », explique Félicie Colin.



Cette créatrice utilise du métal RJC (certifié Métaux Précieux France). C’est-à-dire « que les gens sont payés à leur juste valeur et, surtout, qu’il n’y a pas de travail d’enfants. Ce sont des choses très importantes pour moi ».
Par ailleurs, il est parfois difficile, pour les artisans, de se faire comprendre. « Je vois souvent de la confusion par rapport aux prix. Il y a donc toute une pédagogie à faire. Les gens sont habitués à aller en magasin. Et donc perdent la valeur des choses. »
100 % écolo
La première à renchérir, c’est Emmanuelle Leroy, de la marque Pickkmi « Nous devons apprendre à regarder tout ce qui est autour de nous comme de la matière première. » Depuis une dizaine d’années, Emmanuelle Leroy a ouvert son commerce en ligne et a rejoint l’association Made in Calais. Sacs, bijoux, objets en tout genre, cette artiste couturière ne manque pas d’imagination.
« Toutes mes créations sont basées sur la récupération des matières. Je ne me mets jamais quelque chose en tête, je vois d’abord ce que j’ai et, après, je réalise. J’utilise les ressources que j’ai autour de moi », explique Emmanuelle Leroy. Textiles abîmés, chutes de tissus, chutes de fils, vieux lacet… Tout ce qui mériterait de ne pas finir dans une poubelle, c’est ce qui fait la signature de cette cheffe d’entreprise, 100 % écolo.



Aujourd’hui, il est difficile de déconstruire les mentalités face à cette société de consommation. « Quand j’anime des cours, j’essaye aussi d’expliquer que nous n’avons pas besoin d’acheter, il suffit de ramasser ce qui est autour de nous. » Et cela même pour faire des couleurs sur un tissu, pas besoin d’acheter, on opte pour des couleurs naturelles. « Pour faire de l’orange, nous avons besoin d’épluchure d’oignons. Pour faire du jaune, nous avons besoin d’arbre à papillon. Pour faire du rose, m’unissez-vous d’avocats », conseille la créatrice. Et la liste peut être longue…
Défendre le local
Elle aussi a connu, pendant des années, ce combat de défendre des bijoux locaux et respectueux de l’environnement. Dorothée Vantorre a créé Les Folles Marquises qui ont « très bien fonctionné, en France comme à l’étranger », se remémore la cheffe d’entreprise. Des bagues, des colliers, des boucles d’oreilles, tout cela à base de bois.
Depuis quelque temps, la jeune femme s’est redirigée dans un autre projet, la sculpture, et ouvrira prochainement son commerce. « Je crois que j’ai néanmoins eu un certain type de clientèle qui avait compris la nécessité d’acheter local et de soutenir les artisans », explique Dorothée Vantorre.



Trois femmes, trois créatrices de bijoux et accessoires différents, mais ayant la même idée : « Nous sommes tous différents, mais nos clients ont tous un attrait commun : acheter du beau et préférer la qualité à la quantité. »
Made in Calais ouvrira ses portes les week-ends des 6 et 7 avril et des 18 et 19 mai. Située au 2ᵉ étage, 8 rue des Soupirants à Calais.









