Calais : découvrez la nouvelle expo consacrée à Yuima Nakazato, créateur japonais engagé dans la mode durable, à la Cité de la dentelle


La mode durable, c’est l’un des engagements de Yuima Nakazato. Les réalisations du couturier japonais sont présentées à l’occasion d’une rétrospective à la Cité de la dentelle et de la mode, à Calais.
À travers cette exposition, les visiteurs vont pouvoir découvrir le travail de ce jeune créateur, invité à défiler à Paris depuis 2016. Diplômé en 2008, il a reçu de nombreux prix et distinctions, notamment le prix de l’innovation pour son travail de fin d’études.
C’est en 2020 que Shazia Boucher a rencontré le couturier japonais à l’occasion du défilé Cosmos. « C’est un véritable choc visuel et émotionnel. » À la fin du défilé, Anne-Claire Laronde et Shazia Boucher ont pu échanger avec le créateur. De cette rencontre est née l’exposition Yuima Nakazato, au-delà de la couture. Elle est visible jusqu’au 5 janvier 2025. « Cette journée est très importante pour moi, car cela permet de se poser et de réfléchir à l’avenir », a expliqué Yuima Nakazato.


Les pièces ont été disposées par thématique. On y découvre les évolutions des techniques utilisées, mais aussi inventées par le créateur. « La mode, ce n’est pas qu’une question de vêtements visibles, c’est aussi le processus, le cheminement de l’idée première au résultat à travers le dessin, la recherche du matériau, le développement des techniques et la communication. » D’où le sous-titre de l’exposition.
La première pièce présentée au cours de l’exposition, reprise sur l’affiche, est un ensemble réalisé pour Lauren Wasser, un mannequin de Los Angeles qui a perdu ses jambes à la suite d’un choc toxique et qui a, malgré tout, continué à exercer son métier. C’était la période du Covid. « Cette volonté, sa résilience, représentait bien la période du Covid. » Elle aimait également nager, ce qui est devenu compliqué avec ses prothèses. « C’est comme si elle était immergée. » Et pour cela, il a utilisé une technique particulière : la Brewed Protein, proposée par Spiber, une marque déposée. Ce matériau se contracte à 40 % quand il est chauffé à 70 degrés. Le créateur a réussi à maîtriser la Brewed Protein en appliquant de l’encre sur certaines parties du tissu pour éviter qu’il ne se rétracte. Cette maîtrise est l’aboutissement de plusieurs années de travail et a été appelée Bismocking (une méthode de modélisation brevetée par la maison Yuima Nakazato).
Au fil de son travail, le créateur s’est donné pour objectif de créer des vêtements durables pour que la personne qui les porte développe un lien avec ses tenues. Cela passe par le Bismocking mais également par le Type-1. Cette deuxième méthode lui permet de ne pas utiliser de fil et d’aiguille, mais d’assembler des formes géométriques de tissus reliées entre elles par un système d’attaches. Les vêtements peuvent ainsi être réparés (il suffit de changer la pièce usagée) ou évoluer pour recréer un nouveau vêtement.
Au fil de ses collections, le lien personnel et la mode durable se retrouvent sous différentes formes. Par exemple, lors de la collection Evoke, il est parti du principe que chaque être vivant a sa propre voix et que chaque voix est unique. Il a ainsi utilisé le chant des baleines qu’il a retranscrit en chant numérique.