Le Professeur perdu vous raconte l’histoire du craquelin, l’incontournable pâtisserie de Noël boulonnaise


Si vous êtes boulonnais et que vous aimez vous balader dans la vieille ville, vous avez forcément déjà croisé Jérôme Guerville, dans son personnage du Professeur perdu. L’artiste arpente les rues pavées de la ville fortifiée avec Des touristes à sa suite. Un jour il leur parle des grands personnages historiques qui ont foulé ces mêmes rues pavées avant lui. Ou bien il vous narre des anecdotes lugubres qui ont émaillé l’histoire de Boulogne au fil des siècles, ou encore des contes de Noël, liés à Boulogne.
Et si justement vous voulez les connaître ces histoires de Noël, le Professeur perdu vous donne rendez-vous les 21, 22 et 23 décembre prochains à 17h30, toujours en vieille-ville. Toutes les infos sur Le professeur perdu
L’histoire du craquelin de Noël
À chaque Noël cette pâtisserie de tradition boulonnaise refait son apparition dans certaines boulangeries. Celles qui ont conservé la recette. Le professeur perdu vous raconte les origines de cette tradition.
On trouve des traces du craquelin dès le XVe, en 1488. Son nom est emprunté au néerlandais « crakelinc » qui signifie « biscuit sec et craquant ». Cette désignation a perduré jusqu’à nous en partie du fait que les Boulonnais du bourg, la Basse Ville donc, des XVIe et XVIIe siècles étaient néerlandophones.
On peut aussi voir dans les craquements du craquelin sous les dents une jolie comparaison avec ceux des pas sur la neige abondante en décembre jadis, scellant ainsi l’association de notre gourmandise avec Noël ! Dès le Moyen-Âge, les religieux de Notre-Dame et l’échevinage en commandent aux boulangers en grande quantité pour parer à d’éventuels sièges ou à des périodes de vache maigre.
De biscuit sec à pâtisserie
Il faut certainement imaginer notre craquelin en ces temps médiévaux comme un biscuit sucré beaucoup plus simple plutôt que comme la pâtisserie remise au goût du jour dans les années 1970. Le temps a fait son œuvre lui apportant des évolutions, suivant les progrès de l’art de la pâtisserie. Pour autant, nos aïeux savaient apprécier le craquelin lors d’occasions festives, tel que Noël bien entendu et celui-ci était alors gage de fraternité et d’alliance. Les liens entre les hommes se font mieux autour de la bonne chère ! Quant à la forme en 8 de notre viennoiserie séculaire, qu’en est-il ? Elle serait inspirée des amulettes de protection contre les mauvais esprits, avec une symbolique solaire. Il y a également avec le 8 des racines celtiques et chrétiennes ; les 8 rayons de la Roue des Celtes, le 8ème jour marquant la Résurrection. Également, d’aucuns y voient le symbole de l’infini. D’autres encore y voient un nœud marin. Il est vrai que l’on peut y trouver une ressemblance avec le nœud d’amour de la bague de la matelote boulonnaise…
Au XIXe siècle, le craquelin se hisse au premier rang des traditions gourmandes boulonnaises de Noël à Boulogne. En effet, toute bonne ménagère boulonnaise digne de ce nom met de côté une demi-livre de beurre pour son boulanger afin que ce dernier puisse lui concocter son craquelin de « Noël ». Toute la famille pourra alors savourer la pâtisserie trempée dans du chocolat chaud ou un bon roustintin, au retour de la Messe de Minuit ! Aujourd’hui encore, la coutume du craquelin est bien ancrée chez les Boulonnais qui a chaque Noël se régalent de cet entremet au lignage ancien et à la saveur d’autrefois ! Une tradition craquante, n’est-ce pas ?
Sources : Isabelle Clauzel-Delannoy / Ernest Deseille.