Marine de la Star Ac, qui vient du Pas-de-Calais, utilise le cliché de la consanguinité : pourquoi attaquer une région pour défendre la sienne ?
Invitée sur France 5 dans l’émission « C à vous » le 30 juin, Marine, gagnante de la Star Academy, a provoqué une polémique en évoquant Bolbec, en Normandie, comme « la ville la plus consanguine de France ».
Voulant à l’origine rendre hommage au Nord-Pas-de-Calais, sa région natale, dans son premier album « Cœur Maladroit », la chanteuse, originaire d’Arras, a déclaré vouloir « rire des clichés » sur le Nord, avant de sortir – relancée deux fois par la présentatrice Anne-Élisabeth Lemoine – que « la ville la plus consanguine de France, elle se trouve en Normandie. Je crois que c’est Bolbec, un truc comme ça. »
Pourquoi évoquer un sujet si sensible ?
Des propos étonnants quand on sait à quel point le cliché de consanguinité colle à la peau des Nordistes partout où ils vont. Pourquoi descendre une région pour défendre la nôtre ? Pourquoi parler de consanguinité quand on peut parler d’autres clichés moins sensibles et qui permettent à tout le monde de rigoler ?
L’Arrageoise a assuré avoir fait « des recherches » sur le sujet, même si elle a reconnu « ne pas savoir d’où sortent les statistiques ». On se pose justement la question, car les statistiques sur la consanguinité sont difficiles à trouver ou datent du siècle dernier.
D’autant que le Nord-Pas-de-Calais n’est pas cité parmi les régions dans lesquelles le taux de consanguinité est le plus élevé. Les statistiques sont effectivement difficiles à trouver, mais les sources fiables s’accordent pour dire que ce sont dans les régions rurales et plus insulaires où ce taux est élevé. On ajoutera aussi qu’il était plutôt courant de s’épouser entre cousins jusqu’au XXe siècle en France et ailleurs en Europe.
Chez nous, c’est un stéréotype qui provient principalement d’événements médiatisés, comme l’affaire d’Outreau (l’imaginaire collectif en a décidé ainsi) ou de la banderole du PSG déployée au Stade de France en 2008 face à Lens sur laquelle il était écrit « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis ». Certains faits divers locaux n’ont fait que renforcer ce raccourci.
« Erreur de jeunesse »
On va tempérer un peu : Marine, qui n’a que 24 ans et a connu une ascension fulgurante, ne se doutait sans doute pas que ses propos causeraient une telle polémique.
Le maire de Bolbec, Christophe Doré, a d’abord exprimé sa colère avant d’apaiser le ton, via le Courrier Cauchois. Tout en comprenant l’intention de Marine de défendre sa région, il a regretté qu’elle ait « pointé une ville de Normandie ». Il a finalement invité la chanteuse à découvrir Bolbec, la décrivant comme une « ville de cœur » ouverte à la culture. « On a le même combat », insiste le maire de la ville normande, qui met cela sur le compte d’une « erreur de jeunesse ».
Un dépôt de plainte par un élu
Mais les propos ne passent pas partout. Rachid Chebli, élu d’opposition (LFI), a fait part de sa « profonde indignation » et a dénoncé sur Facebook des « paroles, d’une extrême violence symbolique » qui « ne sont pas seulement fausses : elles sont insultantes, dégradantes, et indignes d’un média public ». Il a annoncé avoir déposé plainte, jugeant que ce type de moquerie alimente une « haine sociale ou territoriale ».
Il précise porter plainte « contre la jeune femme à l’origine des propos diffamatoires, mais également contre la présentatrice de cette émission ainsi que contre son producteur, responsable du contenu diffusé à l’antenne ».
