Alphonse Pinart, de Boulogne à l’île de Kodiak en Alaska

À la fois anthropologue, ethnologue et linguiste, ce grand savant boulonnais, méconnu dans son pays, était très apprécié aux U.S.A. Enfant du pays, fils d’un riche maître-forgeron de marquise, il se passionna très tôt pour les habitants du Nouveau Monde.
S’étant intéressé très jeune aux langues américaines au cours de ses études, Alphonse construit alors le projet d’aller en Amérique vérifier une hypothèse : les populations américaines autochtones viendraient du continent asiatique. Une démarche très audacieuse, « mais assez dans l’air du temps », à une époque où les explorateurs sont considérés comme des « stars ». En 1869, il se rend en Californie et en Arizona pour collecter des objets. Attaqué par des Apaches, il perd tout et rentre en France.
Retour sur le continent américain en 1870. Le 27 avril 1871, à 19 ans, il embarque pour l’Alaska qu’il rejoint depuis San Francisco, sur une goélette. Une fois parvenu sur l’archipel des Aléoutiennes, en plein milieu du détroit de Béring, il met deux mois pour rejoindre l’île de Kodiak, en kayak. Il hiverne sur place, y effectue des relevés photographiques, topographiques et climatiques, et prend des notes sur les pratiques culturelles sugpiat, en train de disparaître.
Ces découvertes valurent à Pinart de recevoir la Médaille de la Société de Géographie. Et c’est sur la sollicitation d’Ernest Hamy, que Pinart fit don de sa collection à la ville de Boulogne en 1875. Désormais célèbre, Pinart est investi de plusieurs missions officielles d’exploration au Canada puis en Colombie. Sa carrière se termine à 45 ans. Il passa les dernières années de sa vie à Boulogne-sur-Mer où il mourut dans l’anonymat.*
* © Ville de Boulogne-sur-Mer