Marion Leporcq redonne vie à la belle vaisselle et aux carreaux de faïence de Desvres

C’est tout un patrimoine qui a été sauvegardé. Marion Leporcq n’était pas destinée à l’artisanat et pourtant, son travail est remarquable !

Tout commence en juillet 2022, quand elle quitte son poste chez Vinci pour se former à la méthode traditionnelle de la faïencerie de Desvres et créer l’entreprise Des Rêves, en 2023, basée au Village des métiers d’art. « Des Rêves est né d’une envie de sauver un savoir-faire qui était pour moi en train de mourir, ici à Desvres, sur la vaisselle et les carreaux. Au début, je ne savais pas faire la différence entre porcelaine, grès, faïence… Quand j’ai quitté mon boulot, je me suis formée tout de suite à la méthode de fabrication des moules en plâtre, à la méthode traditionnelle, c’est-à-dire qu’on coule l’argile à l’intérieur du moule », raconte celle qui est allée jusqu’aux cafés du coin pour retrouver et discuter avec les anciens de Desvres pour récupérer toutes les informations nécessaires, notamment sur la couleur bleue, si spécifique !

Elle y rencontre Anicet Delattre, de l’atelier ANI’C, à Desvres, qui lui a tout appris. « Même encore aujourd’hui, comme il est là au village des métiers d’art, il corrige encore un geste, une cuisson et, ça, c’est hyper précieux ! », dit-elle avec gratitude.

Aujourd’hui, la faïence de Desvres renaît grâce à son savoir-faire. Assiettes, ustensiles de cuisine, plats, tasses, ramequins… La belle vaisselle, de luxe – car fabriqué à la main, en petite série et en France – s’exporte même jusqu’à New York et sur les tables des restaurants étoilés, des hôtels… Les carreaux de faïence revivent également, inspirés d’anciens modèles, basés sur des archives, et notamment sur la période 1880-1910.

Transmission

« Le but, c’est aussi de remettre Desvres sur la carte des faïenceries françaises en essayant de déposer une indication géographique avec les deux autres fabricants qui restent, qui fabriquent des poêles de chauffage en faïence et des sanitaires. On est les trois derniers fabricants du coin. »

L’objectif est aussi de faire revenir cette idée de transmission. « La belle vaisselle, ça permet de réunir des gens autour d’une table. Ça me tient vraiment à cœur, ça veut dire beaucoup pour moi… Ensuite, il y a une notion du beau chez soi, qui est hyper importante. Pour moi, voir de belles choses tous les jours, je trouve que ça a un énorme impact. Il y a aussi le sujet de la transmission de pièces. Je trouve que c’est un peu triste qu’aujourd’hui, on n’arrive plus à se transmettre les pièces de nos grands-mères. Donc c’est pour ça qu’on n’arrêtera jamais les collections, qu’on n’en sort pas beaucoup. »

Des collections d’autant plus résistantes, qui vivent avec leur temps et qui donc passent au four, au micro-ondes et même au lave-vaisselle !