Accueil Tendances & Co

C’est quoi ce festival de musique classique itinérant à vélo qui va traverser le Lensois à la fin du mois ?

Des musiciens en selle, instruments sur le dos, prêts à enchaîner kilomètres et concerts ? C’est le défi un peu fou relevé par l’orchestre des Forces Majeures, en tournée à vélo sur les traces de Paris-Roubaix.
Journaliste
Temps de lecture: 1 min

Imaginez-vous vous trimbaler votre instrument de musique, que ce soit votre clarinette ou votre violon, sur votre dos, tout en pédalant des kilomètres à vélo et, ensuite, une fois le pied à terre, jouer devant un public ?

C’est l’actuelle performance des musiciens de l’orchestre des Forces Majeures. Cette formation du Limousin a entrepris, depuis le 9 mai, un périple qui suit le parcours de la course mythique Paris-Roubaix. Ils seront sur leur vélo jusqu’au 8 juin pour une arrivée au vélodrome de Roubaix. Au total, ils traverseront 30 villes étapes, joueront 40 concerts et parcourront 450 km à vélo !

Avant cela, les musiciens seront de passage les samedi 31 mai et dimanche 1ᵉʳ juin, dans le Lensois. Rencontre avec Robin Ducancel, directeur général de l’orchestre et co-créateur de cette tournée particulière.

Pourquoi avoir créé ce concept ?

J’ai créé ce concept parce que j’aime créer des rencontres entre les gens. J’aime aussi qu’on partage une musique qu’on adore et qui, je trouve, mérite d’être défendue. Et pour défendre la musique symphonique et classique, je pense qu’il faut créer des ponts, qu’il faut mettre à l’aise tout le monde, de créer une sorte d’ambiance qui décomplexe, qui donne envie d’être curieux. Et voir arriver un orchestre symphonique à vélo, ça attise la curiosité ! Quand on pédale avec le public, qu’on partage des repas, on fait connaissance d’abord, et ensuite, on écoute différemment les musiciens avec qui on a fait connaissance.

C’est aussi l’idée de partir longtemps sur la route, de créer une grosse cohésion au sein du collectif, de l’orchestre, mais aussi de parcourir les distances entre les différents concerts, les différentes salles à vélo, de se rendre compte de là où l’on se trouve, de là où on passe, de l’effort qu’il faut pour aller d’un lieu à l’autre. Il y a plein de vertus. Il y avait aussi l’idée de voir comment on pouvait voyager différemment qu’en prenant l’avion, le train ou la voiture.

Mais prendre le vélo avec un orchestre, cela implique une logistique. Comment faites-vous ?

Oui ! Quand on fait des petites distances, les musiciens mettent souvent leurs instruments sur le dos, comme les violons, même parfois les violoncelles, la flûte, le hautbois, etc. Quand on fait des distances un peu plus longues, on a un système de sacoches qui est super bien fait, qui permettent de mettre complètement la boîte de l’instrument à l’arrière du vélo. Les instruments les plus lourds, on les met dans des remorques tirées par les vélos, garnies de mousse pour absorber les chocs, pour protéger les instruments, qui sont protégés d’une bâche aussi pour la pluie et même le soleil.

Combien êtes-vous sur la route ?

On est toujours une trentaine, mais pas que des musiciens. Nous sommes souvent 20 musiciens et 7-8 membres d’équipage : le chef d’orchestre assistant, une chargée de production, moi je pilote un peu tout, je prends les décisions en fonction de la météo, de l’ambiance, de la fatigue, etc. Et puis, on a deux personnes qu’on appelle les cyclo-logisticiens qui gèrent le parc vélo en permanence, les itinéraires, qui contactent les clubs cyclo avec qui on se donne rendez-vous, qui pédalent avec nous.

Les musiciens vont parcourir près de 350 km à vélo !
Les musiciens vont parcourir près de 350 km à vélo ! - Photo : Vincent Ducard
Dans chaque ville, les musiciens proposeront différents concerts.
Dans chaque ville, les musiciens proposeront différents concerts. - Photo : Julien Poulain

Pourquoi, cette année, avoir choisi l’itinéraire du Paris-Roubaix ?

Parce que ça faisait des années que je rêvais de faire un projet à travers les Hauts-de-France, qui est une région que j’aime beaucoup, que je trouve très dynamique, où j’ai déjà travaillé par le passé. Et j’avais envie de relier des initiatives, des villes, des communes, par le prétexte d’un itinéraire. J’ai pensé au Paris-Roubaix parce que je suis aussi un peu fan de vélo et que ça parle aux gens.

Durant votre parcours, les cyclistes ou les familles peuvent-ils vous suivre ?

Oui, dès que l’on est sur les vélos, n’importe qui peut se joindre à nous. Après, dans la réalité, ce n’est pas si simple que ça, parce que le vélo, on l’utilise un peu de deux manières. À la fois pour aller d’une ville à l’autre, puisque c’est comme ça qu’on progresse dans l’itinéraire chaque jour. Donc, c’est globalement le matin qu’on pédale pour faire entre 20 et 60 km. Mais il n’y a pas tant de personnes qui se lèvent le matin pour venir pédaler avec nous (rires). Ce sont plutôt des clubs cyclos qui nous rejoignent. Et par contre, on a plus de monde qui vient avec nous quand on organise des randonnées vélo-musique, sur 10 ou 15 km.

C’est un sacré challenge de mêler vélo et musique ?

Ce que je dis souvent, c’est que ce qui est sportif, ce n’est pas tant la performance sur le vélo, c’est plutôt l’enchaînement de tout ça. C’est-à-dire se préparer le matin, à nouveau faire la valise, voir si notre vélo est opérationnel, rouler, bien se comporter sur la route tout en en profitant. Et puis rencontrer des gens à midi, jouer ensuite, remballer le matériel, repartir dans une structure, etc.

Comment se passe votre périple depuis le 9 mai ?

Très bien. À chaque fois, on est super bien accueillis, et ça, ça compte beaucoup, parce que les partenaires qui nous accueillent, ce sont eux qui sont un peu le porte-parole du projet. Et ils sont toujours hyper chaleureux. Ils ont une joie de nous accueillir.

Quel répertoire jouez-vous ?

On choisit, tous les ans, un répertoire à partir de nos envies, à partir de thématiques. Cette année, le thème, c’était plutôt l’héroïsme, l’héroïsme sous plein de formes différentes. C’est la résistance, c’est le côté virtuose, c’est le vélo, c’est le Paris-Roubaix. Ça nous a fait partir de la Symphonie de Beethoven, la numéro 3, qui s’appelle Eroica, « héroïque ». Puis, ça nous a donné envie d’avoir un soliste avec nous, ce qu’on n’avait jamais fait. On a un violoniste qui joue des concertos et des pièces concertantes, des petites pièces de genre qui sont souvent très difficiles techniquement, comme l’Introduction et le Rondo capriccioso de Saint-Saëns, qui est une pièce de virtuosité. Et le soliste va jouer les concertos pour violon de Mendelssohn et de Tchaïkovski. Après, on a ajouté une pièce héroïque, parce qu’elle a été composée à 17 ans par Georges Bizet. C’est son unique symphonie qu’on appelle La Symphonie en Ut. On a donc plus de 3 heures de musique avec nous. Ce qui fait qu’on peut aussi changer de programme tous les jours, ou même plusieurs fois par jour, pour que l’on puisse s’adapter à l’ambiance, à ce qu’on sent dans la salle, ce qu’on sent de nos musiciens, éviter la lassitude. C’est vraiment du sur-mesure !

Lire aussi

A lire aussi

Voir plus d'articles

À la Une

Voir plus d'articles