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Le 14 juillet, le Lion d’Arras descend de son beffroi pour se refaire une beauté

Pour la première fois depuis qu’il a été hissé en haut du Beffroi en 1929, le Lion d’Arras, symbole de la ville, sera descendu sur la Place des Héros le temps d’une journée, avant de partir pour être restauré.
Journaliste
Temps de lecture: 2 min

À dire vrai, notre lion est quasiment centenaire et de fait, il a bien besoin d’un bon rafraîchissement. En effet, battus par les vents du Pas-de-Calais depuis des années, le Lion d’Arras est aujourd’hui fragilisé. Il en a même perdu sa queue. Il convient donc de le restaurer. Un chantier estimé à 150 000 euros.

Le lundi 14 juillet, le lion d’Arras va donc descendre du haut de son beffroi. Une première depuis 1929 ! C’est un moment historique que s’apprêtent à vivre les Arrageois en assistant à sa descente, par hélitreuillage. L’opération sera réalisée par l’entreprise spécialisée Jarnias. Elle durera de 9 h 30 à 10 h 30. Le Lion sera ensuite exposé sur la Place des Héros jusqu’à 18 h avant de prendre la route des ateliers Socra, en Dordogne, où il sera restauré.

À cette occasion, la ville d’Arras a prévu une journée de fête dont voici le programme :

8 h : Mâchon des jouteurs sur la Grand’Place - Gratuit et ouvert à tous

• 9 h : Cérémonie patriotique Place Foch

• 9 h - 13 h : Village républicain sur la Grand’Place

• 9 h 30 : Descente du Lion d’Arras

• 11 h : Ouverture de la Place des Héros au public

• 11 h 30 : Cérémonie de la remise des médailles de la ville

• En continu, l’après-midi de 14 h à 17 h sur la Place des Héros :

• Animation du Musée des beaux-arts d’Arras.

• Animations proposées par l’Association des Marchés du Lion d’Arras

• De 9 h à 18 h : Sur la Darse Méaulens

• Tournoi des jouteurs d’Arras

• Fête Méaulens par le comité des Fêtes

• 23 h : Feu d’artifice du Grand Arras - Parc de la Scarpe

Le Lion, symbole d’Arras, de père en fils

Le lion actuel trône au sommet du beffroi d’Arras depuis 1929. Mais il n’est pas le premier… Saviez-vous qu’avant lui, deux autres lions ont occupé cette place ?

L’ANCÊTRE (1554 - 1833)

Symbole héraldique, le Lion est l’emblème de la ville depuis le XIVe siècle. Installé au sommet du beffroi en 1554, suivant un projet de Jacques Le Caron, le Lion tient à l’origine une bannière aux armes de l’Artois.

Le soleil, que supporte le Lion actuellement, doit dater du règne de Louis XIV et pourrait marquer l’entrée du roi dans la ville en 1667. Haut de 2 mètres 60, muni d’une lance le dépassant d’1 mètre 50, il est constitué de pièces de cuivre dorées, martelées et rivetées par plaques.

DP Descente du Lion d'Arras3- 14 juillet.jpg

Descendu du beffroi lors des travaux de reconstruction en 1833, il aurait dû être restauré et replacé. Un deuxième lion ayant été commandé par l’architecte Traxler, il est installé au Musée des Beaux-Arts, à l’Abbaye Saint-Vaast, en 1838.

Évacué pendant l’incendie de l’Abbaye le 5 juillet 1915, il est déposé dans le jardin, sur un tas de gravats où il est oublié : « Des soldats passèrent et repassèrent par-là, tournèrent, s’amusèrent avec lui, le foulèrent aux pieds par ignorance ».

Descendu en 1916 dans les caves de l’Abbaye Saint-Vaast, il n’est plus alors « qu’une loque de bronze ». De nouveau exposé sur la Place des Héros en 1929 avec son « petit-fils », il est ensuite replacé dans le Musée en 1930. Il fait l’objet d’une restauration en 1954 par Arthur Hubert, serrurier et ferronnier d’art.

LE MARTYR (1841-1914)

Commandé en 1833 par l’architecte en charge de la reconstruction du Beffroi, Traxler, « sans l’autorisation de qui de droit », le deuxième lion est l’œuvre de l’atelier Sieur Desprats, à Paris. Son installation est, dans un premier temps, refusée par le conseil municipal qui lui préfère l’ancien lion qu’il souhaite voir restauré.

Acheté par la ville en 1841 après maintes tractations et procès, il est finalement installé au sommet du beffroi. De style plus réaliste que son prédécesseur, il est constitué de 500 kg de plaques de cuivre, maintenues entre elles par 100 kg de soudure.

DP Descente du Lion d'Arras 2-14 juillet.jpg

Abattu par les obus allemands lors de la chute du beffroi le 21 octobre 1914, il est retrouvé au-dessus des ruines de la tour et transféré le soir-même dans la cour de l’Abbaye Saint-Vaast où il devient un objet de curiosité. Véritable symbole de la ville martyre, il est évacué de l’Abbaye Saint-Vaast pendant l’incendie du 5 juillet 1915. Il est mis en valeur lors de l’exposition des œuvres d’art détruites par l’ennemi qui se tient au Petit Palais à Paris en 1916.

Il sert de modèles aux nombreux artistes (Arthur Mayeur, Rasumny, …) qui vont développer une iconographie de la ville martyre après la Grande Guerre. Installé dans un premier temps au musée des Invalides à Paris, il revient à l’Abbaye Saint-Vaast vers 1930.

LE PETIT-FILS (1929 – Aujourd’hui)

Après la Grande Guerre, Pierre Paquet est chargé, à partir de 1919, de reconstruire l’hôtel de ville et son beffroi, véritable symbole de la ville martyre. Il réalise une reconstruction à l’identique, expurgée des ajouts néogothiques du XIXe siècle, qui rende à l’édifice son style « Renaissance ».

Le Petit-Fils exposé sur la Place des
Héros avant d’être hissé au sommet
du beffroi en 1929.
Le Petit-Fils exposé sur la Place des Héros avant d’être hissé au sommet du beffroi en 1929.

Pour achever sa reconstruction, il confie aux ateliers parisiens de plomberie d’art Monduit, déjà chargé de la réalisation du faitage de l’hôtel de ville, la réalisation du Lion héraldique de style « Renaissance » destiné à coiffer le beffroi. Il en dessine le projet, en s’inspirant du Lion de 1554, et confie la réalisation d’un modèle au sculpteur Pierre Seguin.

En août 1929, accompagné de son aïeul de 1554, le nouveau Lion, haut de 3 mètres (5 mètres 30 en incluant la lance qu’il tient) et pesant environ 300 kg, est présenté aux badauds de la Place des Héros. « Chargé d’ans, l’Ancêtre ne porte plus vraiment beau, alors que son Petit-Fils flamboie sous le soleil, arborant même d’expressives moustaches gauloises » comme se plaira à le faire remarquer un journaliste de l’Avenir d’Arras et du Pas-de-Calais.

Après quatre jours d’exposition, le jeune lion est hissé au sommet du beffroi où il est inauguré le 25 août 1929.

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