Pourquoi la galette des rois est majoritairement au goût de frangipane en France ?


L’Épiphanie, qui signifie « apparition » en grec, célébrée le 6 janvier par les catholiques et le 19 janvier par les orthodoxes, est une commémoration religieuse en hommage à l’arrivée à Bethléem, lieu de naissance de Jésus, de Melchior, Gaspard et Balthazar, les fameux rois mages. Elle serait l’une des plus anciennes fêtes du christianisme.
Ce contexte étant posé, à l’origine, la tradition du partage d’une galette serait plutôt issue d’une coutume païenne. Un hommage aux Saturnales de l’époque romaine. Ces grandes fêtes en l’honneur de Saturne, le dieu romain du temps, avaient lieu entre fin décembre et début janvier.
Le gâteau du partage
En cette journée spéciale les esclaves étaient invités à partager un gâteau avec leurs maîtres Romains. C’est de là aussi qu’est issue la tradition de la plus jeune personne présente qui se glisse sous la table, choisissant à l’aveugle à qui ira la prochaine part. Si c’est un esclave qui tombait sur la fève dans le gâteau, il devenait le « Princes des Saturnales » et avait le droit d’obtenir tout ce qu’il souhaitait pendant une journée (enfin dans la limite du raisonnable !)
C’est à partir du XIVème siècle que cette tradition a été associée à l’épiphanie. Le gâteau était partagé en autant de parts que de de personnes présentes plus une : la part du pauvre.
Et le goût alors ?
La galette des rois était à l’origine une galette sèche créée à base de pâte feuilletée, simplement dorée au four et mangée accompagnée de confitures.
Sa forme différait selon les pays et même selon les régions du même pays. Ainsi en France, en Provence et Languedoc, on l’appelle le « Gâteau des Rois ». Il s’agit d’une pâte briochée aromatisée d’un soupçon d’eau de fleur d’oranger, évidée en son centre, donc sous forme de couronne, avec de gros morceaux de fruits rouges sur le dessus et du gros sucre, qui rappellent les pierreries qui ornent la couronne des Rois mages. En Gascogne et Béarn, c’est le « Garfou » : une pâte briochée parfumée à l’anis et à la fleur d’oranger. Sa forme évoque celle du béret. En France-Comté, c’est le « Goumeau » : une pâte briochée nappée d’une pâte à choux additionnée de crème à déguster tiède ou « gâteau de ménage ou galette comtoise », pâte briochée riche en beurre, nappée d’une préparation sucrée ou à la crème.
Quid de la frangipane ?
C’est quand on a commencé à vouloir la fourrer d’une garniture que les goûts et les couleurs sont venus compliquer les choses. Mais la galette à la frangipane reste la forme la plus connue et la plus appréciée des Français.
C’est la galette la plus consommée en France puisqu’on la retrouve dans tous les départements ! c’est la seule galette proposée dans plusieurs régions du Centre et du nord de la France. Même si depuis quelques années, quelques déclinaisons fantaisistes ont fait leur apparition.
L’origine de la frangipane serait attribuée majoritairement à des Italiens. Elle porte en effet le nom de Cesare Frangipani, qui a donné la recette à Catherine de Médicis. Mutio Frangipani, un botaniste italien, aurait, quant à lui, donné son nom à un arbre que l’on trouve dans les Antilles, le frangipanier. Quant au marquis Pompéo Frangipani, maréchal de Louis XIII, il a inventé le parfum de la Frangipane pour masquer l’odeur du cuir des gants et des souliers… La pâtisserie dégageant la même odeur a pris son nom.
Le secret de la frangipane, c’est qu’elle contient de la crème pâtissière en plus de la crème d’amandes. Elle se prépare avec de la poudre d’amande, des œufs, du beurre et du rhum.
L’origine de la fève
Les premières fèves étaient des vraies légumineuses, symboles de la fécondité. Or au 14ème siècle, s’est développée la coutume du « roi boit ». Celui qui tirait la fève se devait d’offrir une tournée à l’assemblée. Ainsi, certains l’avalaient pour ne pas débourser d’argent.
Elles ont alors commencé à être remplacées par les fèves en porcelaine, au milieu du XVIIIème siècle. À leur apparition, elles représentaient systématiquement l’enfant Jésus puis un bonnet phrygien. Aujourd’hui, les modèles de fèves se comptent par millions et sont sans limite. Par ailleurs, les collectionneurs de fèves s’appellent des fabophiles.
Le saviez-vous ?
Au 16ème siècle, le gâteau des rois a fait l’objet d’une guerre féroce entre les boulangers et les pâtissiers. En effet, chacun voulait le monopole de la vente de ce gâteau, sentant déjà là un marché juteux. Le roi François 1er accorda le droit aux pâtissiers. Les boulangers contournèrent l’interdiction de vendre des gâteaux des rois en les substituant par des galettes qu’ils offraient à leurs clients.
Jusque dans les années 1960, l’Épiphanie était un jour férié. Il tombait le 6 janvier. Le partage du gâteau était souvent célébré le 5 au soir. Cependant, le Vatican II (1962-1965) a décidé que l’Épiphanie serait célébrée le premier dimanche suivant le 1er janvier. De nombreux pays ont néanmoins conservé la date originelle du 6 janvier car la tradition c’est de partager le gâteau ! C’est ainsi que nous nous réunissons souvent plusieurs fois au cours de mois de janvier pour « tirer les rois ».
(source la route des gourmets.fr)Tous les ans, lors de la traditionnelle réception au palais de l’Élysée (où travaille le président de la République), une énorme galette est préparée pour le chef de l’État et des invités. Mais le boulanger-pâtissier chargé de la faire n’a pas le droit d’y placer de fève… car un président de la République ne peut pas être roi.