VIDEO. Rembrandt, Warhol, Yves Saint Laurent… Quand mode et art se rencontrent au Louvre-Lens


La robe de chambre de Balzac par Rodin, les turbans de Rembrandt, la perruque d’Andy Warhol, la robe-serpent de Niki de Saint Phalle… et tant d’autres. Il y a des artistes qui se caractérisent par des vêtements et des styles qui caractérisent les époques.
C’est dans cette optique que le musée du Louvre-Lens ouvre sa nouvelle exposition, intitulée « S’habiller en artiste. L’artiste et le vêtement. », visible du 26 mars au 21 juillet. L’exposition mêle art et mode à travers 200 œuvres, que ce soit des peintures, des sculptures, des vêtements, des créations de haute couture, des dessins, des photographies et des vidéos, de la Renaissance à nos jours. « Ce parcours souligne combien les artistes racontent une histoire du vêtement ; mais aussi combien les créateurs de mode se sont inspirés de l’histoire de l’art, d’Yves Saint Laurent à Christian Dior. Parce que le vêtement peut être une œuvre et qu’une œuvre peut être un vêtement, il est un langage à part entière que les artistes n’ont eu de cesse d’explorer jusqu’à aujourd’hui », explique-t-on, en préambule de l’exposition.
« C’est une exposition qui croise l’histoire de l’art, l’histoire de la représentation des artistes, l’histoire de la mode et l’histoire du vêtement, ajoute Annabelle Ténèze, la directrice du Louvre-Lens. Il y a des artistes qu’on reconnaît aussi bien pour leur style d’œuvre d’art, leur style de peinture, que pour leur style vestimentaire. On voit aussi qu’à partir du moment où la haute couture apparaît, les artistes décident que les vêtements deviennent des objets de création signés, revendiqués, à l’égal des sculptures et des peintures. »
Cette exposition fait d’autant plus écho chez nous, avec l’histoire textile de notre région ! « Ce qui est fascinant, c’est que la mode et le vêtement sont aussi des passerelles extraordinaires pour le public. Sans a priori d’avoir telle ou telle culture ou de savoir telle ou telle référence, le public peut rentrer de plain-pied dans ce monde du vêtement et de la mode », nous invite Olivier Gabet, directeur du département des Objets d’Art au musée du Louvre.
Des époques et des vêtements
Le parcours s’ouvre sur une sorte de salon de haute couture, entouré de rideau de velours noirs, où trônent, sur un podium central, trois tenues du créateur Yves Saint Laurent, en hommage à celui qui, tout au long de sa carrière, célébrera l’art dans ses vêtements.
Puis, de pièces en pièces, on découvre le vêtement sous toutes ses formes, dans un ordre chronologique. L’exposition met d’abord en lumière l’artiste dans l’Antiquité, bien que ce statut n’ait pas existé, et qui est une vision fantasmée des artistes pour qui la toge rouge était portée par les hommes et la robe blanche et fluide « à la grecque » par les femmes.



Le parcours se poursuit et s’ouvre sur d’autres temps : d’abord, l’artiste en habit de saint, l’artiste en velours et soieries, en académicien, dans l’atelier… Un peu comme un jeu de rôle, l’artiste aime ainsi à se représenter en portrait. Le plus célèbre d’entre eux, peut-être, est Rembrandt qui, tel un acteur de théâtre, se déguise, se transforme et change son apparence et parfois son identité dans chacun de ses autoportraits. Un homme aux mille costumes a contrario de Roman Opalka, artiste franco-polonais, qui s’est photographié quotidiennement en noir et en blanc après chacune de ses séances de travail avec la même chemise blanche, années après années.


Chemise blanche, costume noir, les vêtements changent et en disent beaucoup sur les mœurs des époques. On y découvre aussi l’art du drag et le genre du vêtement, particulièrement représenté grâce aux polaroïds Self-Portraits in Drag d’Andy Warhol.






Notre déambulation se poursuit dans un autre vêtement plus moderne et qui reflète le vrai « travail » qu’accomplissent les artistes-ouvriers : le bleu de travail. Ou l’artiste libre de ses mouvements, en robe de chambre…
Mais s’il fallait retenir une seule chose de cette exposition, ce sont notamment les pièces uniques de haute couture, prêtées par les maisons de mode Dior ou Yves Saint Laurent ou encore les impressionnantes tenues de Leonor Fini ou les tenues à la fois élégantes et extravagantes de Karina Bisch.




À la fin de l’exposition, les visiteurs sont invités à se regarder, à travers de grands miroirs, comme l’ont fait les artistes avant eux. Le but est de s’interroger sur les vêtements que nous portons chaque jour et à leurs significations. Un clap de fin bien pensé !